lundi 25 avril 2016

L'art de la fin

Salut!

Vous savez, s'il y a bien une chose difficile à accepter pour un lecteur, c'est une fin.  Parce que la fin, c'est tout ce qu'il nous reste d'un livre après l'avoir fini.  C'est la dernière goutte de jus d'un citron que l'on finit de presser.  C'est la dernière goutte de la bouteille de champagne que l'on vient de boire.  C'est la saveur qui reste après avoir fini le gâteau.  C'est ce qui reste à la fin, quand tout le reste est fini.  Et c'est pour ça que l'impression est durable.  Et qu'une bonne fin est aussi dure à réussir.

Je crois que le complexe de la fin est infini chez les auteurs.  Parce que les auteurs qui ont réussi des livres merveilleux gâché par une fin qui a tout fait tourné en eau de boudin, ils sont légions.  Et que la pression est énorme pour bien finir son livre, encore plus quand il s'agit d'une série!  Je n'ose même pas imaginer le stress qu'ont vécu certains d'entre eux en pensant à leurs fins, surtout quand elles étaient attendues par des milliers de lecteurs.  Mais même pour l'auteur moyen, le poids reste énorme parce que la fin, c'est aussi le point final à une oeuvre auquel ils ont consacré des centaines d'heures, voir des années.  Pas évident...

Quels sont les caractéristiques d'une bonne fin?  Il y en a tellement!  Et ils ne s'appliquent pas d'une manière égale, dépendant du reste du ou des livres qui l'ont précédé.  Une chose est sûre, la fin doit être en lien avec le reste de l'oeuvre.  Si ça s'éloigne trop du sujet, les lecteurs renâcleront, parce qu'ils auront l'impression de perdre quelque chose.  Autre point, la fin doit répondre au moins à une partie des questions qui ont été soulevée par l'intrigue ou amené une résolution dans les problèmes affrontés par les protagonistes.  Sinon, pourquoi finir?  Ok, à part dans les films de Marvel où rien ne finit jamais vraiment, dans la vraie vie, on met souvent un point final à certains choses.  Dans les livres, on peut se les permettre plus ou moins définitifs, selon la volonté de l'auteur(e).

Autre difficulté, souvent la fin doit représenter une apothéose de l'oeuvre, parce que tous les chemins mènent à la fin.  Honnêtement, on continue la lecture d'un livre parce qu'on a envie de savoir la fin non?  Un retournement de dernière minute peut constituer une fin, mais une fin peut tout autant représenter plusieurs chapitres.  Et quand on parle de fin, pense-t-on exclusivement à la flamboyante bataille finale ou plutôt aux paragraphes qui suivent, qui représentent souvent la résolution?  Pense-t-on aux moments de tensions, de décisions?  La fin peut être tout en douceur également.  C'est le moment où les amoureux se déclarent leurs sentiments, c'est la fin de la guerre et le début de la reconstruction dont on nous laisse à peine deviner les prémisses.  C'est aussi parfois la chute du héros ou sa mort.  C'est l'échec, la réussite, la résilience, le bonheur.  C'est la fin de ce que l'on a vécu au cours du roman.

Mais il y a aussi une autre caractéristique à la fin: c'est un début.  C'est un passage vers autre chose.  Quoi?  On ne le sait pas nécessairement, mais on laissera les personnages du livre (du moins, les vivants) le savoir et le découvrir par eux-mêmes.  On les laisse au seuil de cette nouvelle vie, de ce nouveau début.  Et c'est là je crois la clé de la bonne fin: réaliser ce passage, qu'il soit fracassant ou non, vers autre chose.  Bien sûr, il y aura toujours des déceptions.  On aurait toujours, comme lecteur, voulu un destin différent pour tel ou tel personnage, dépendant de la vision et de nos espoirs pour celui-ci.  Et oui, l'auteur reste le maître sur le dernier mot que l'on lira et sur les événements qui y arriveront.  La clé ne réside pas dans les événements eux-mêmes bien souvent, mais dans ce passage et vers, j'oserai dire, le destin dans lequel l'auteur enligne ses personnages.  Parce qu'après avoir fini le livre, il nous reste l'avenir à imaginer et l'auteur ne peut que nous orienter vers celui-ci.  Les fins ouvertes aident parfois, d'autres fois nuisent.  C'est selon les cas et les situations.  Chacun des deux peuvent être pertinents.

Dans tous les cas, et ça je crois que les auteurs le savent car ils sont les premiers à le vivre, la fin est une forme de deuil.  Nécessaire, mais pas toujours facile.  Et l'une des étapes du deuil est la colère.  Normal que les fins entraînent parfois de vivres réactions.

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

Excellent billet! :) Et en lisant le début, j'allais te dire "je crois que l'important est qu'on présente ce que sera la vie future des personnages qui ont survécu"... et tu l'as dit dans ton avant-dernier paragraphe! :p Alors je n'ai rien à ajouter.

Ah non, c'est pas vrai, je résumerais mon opinion sur la question des gins : Mieux vaut une bonne fin mauvaise qu'une mauvaise fin heureuse. :p

Gen a dit…

Youhou! Y'a quelqu'un sur ce blogue? ;)

Prospéryne a dit…

Oui... Juste en mode pause!