lundi 14 décembre 2015

Oui mais... est-ce que c'est bon?

Salut!

Il me vient parfois une image en tête quand j'entends certaines personnes parler de littérature.  Celles d'une bande de dégustateur de vin qui renifle l'objet, le regarde sous toutes les coutures et l'évaluent en profondeur en le prenant de haut.  Qui sont plus dans le rôle d'examinateur impitoyable que de dégustateur.  Ajoutez-y une petite touche de collet monté et de pédantisme et vous imaginerez facilement ce que je veux dire.  C'est souvent à cela que je pense quand j'entends certaines personnes parler de livre.  À ce moment-là, j'ai souvent envie de dire: Oui mais... est-ce que c'est bon?

Par le est-ce que c'est bon, je ne veux pas dire, est-ce que le livre correspond à l'ensemble des critères énoncés par quelqu'un pour définir ce qui est bon ou non.  Je veux dire: est-ce que cette lecture t'a procuré du plaisir, as-tu passé un bon moment, as-tu aimé ce livre?  C'est le principal.  C'est l'important.  Un livre peut être d'une très haute qualité, si on s'ennuie à mourir en le lisant, c'est raté.  Un autre peut avoir une écriture plus populaire, plus simple, mais nous emporter littéralement.  Ce sera un bon livre.  Pas au niveau littéraire, pas au niveau du style, mais ce sera un bon livre parce qu'il nous aura fait vivre un bon moment.

Ce qui n'empêche en rien le sens critique et la nécessité de savoir faire une distinction entre le bon et le mauvais en littérature.  Ça n'empêche pas l'évaluation, ça n'empêche pas non plus d'avoir la recherche de l'excellence.  Ça n'empêche pas de fermer un livre qu'on a adoré en se disant: ah, j'ai tellement aimé ce livre, mais qu'est-ce qu'il était mauvais!  (L'autre nom pour ce genre de livre est plaisir coupable :P )  Ça empêche juste d'oublier le plus important: d'aimer lire pour le plaisir que ça nous apporte, pas pour la dissection de ce qu'il est (ok, lapsus freudieu, la première fois, j'ai écrit vivisection... ouch!)

Parce que la dissection d'un livre, son évaluation sous toutes les coutures fait perdre de vue l'ensemble.  À force de trop chercher qualités et défauts, on finit par perdre de vue que tout objet produit par l'être humain est par essence imparfait et que si on réussit à atteindre un très haut standard dans un domaine, on ne peut l'atteindre de manière égale dans tous les domaines.  Même les grands amateurs de vins, les vrais, pas les snobinards vous le diront: on peut apprécier un moins grand cru et y prendre plaisir si on cherche avant tout à apprécier un vin et non à le juger.

Et le critique dans tout ça?  Son job est celui d'un oenologue: en savoir plus que les autres pour leur faire découvrir, voir les détails invisibles au profane.  Leur montrer une autre vision de la chose.  Ce n'est en rien du pédantisme quand c'est bien fait, même quand on atteint de très hauts niveaux où les différences sont infimes et où les jugements peuvent être cruels.  Cela n'est jamais contre le plaisir par contre: pour bien pouvoir évaluer quelque chose, il faut déjà l'aimer profondément au départ.

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

J'aime ta comparaison avec le vin. :) Et pis, bon, des snobs, il y en aura toujours. Dans tous les domaines. Malheureusement.

Prospéryne a dit…

Ouais, c'est juste que c'est plate qu'ils prennent tant de place...

Claude Lamarche a dit…

Belle analogie en effet.