vendredi 12 septembre 2014

L'encyclopédie

Salut!

Denis Diderot avait un rêve: rassembler le plus possible de connaissances dans un même ouvrage.  Rêve d'une époque, l'encyclopédie était ancrée dans un contexte précis.  En plein XVIIIème siècle, la connaissance scientifique se séparait à grand-peine de la théologie et de l'influence de l'Église.  Écrire un livre qui rassemblait les meilleurs connaissances scientifiques de l'époque était alors à la fois un rêve et une profession de foi, issue du siècle des Lumières.  L'idée même de l'encyclopédie est liée à une époque et à un état d'esprit.  Mais quel avenir a eu cette idée!

Enfant, ma mère avait réussi, je ne sais trop comment (sans doute une vente de garage!) à mettre la main sur une série d'encyclopédies jeunesse.  À l'époque où je l'ai lu, elle était déjà dépassée, même si elle avait été imprimée à peine quelques années plus tôt.  Et oui, à notre époque, de se rendre à l'imprimé signifie un délai et le risque de se faire dépasser par les découvertes plus récentes.  En fait, ce que j'ai adoré dans cette série de livres joliment reliés, ce sont les contes qui y étaient transcrits, du haut de mes trois pommes, je me rendais bien compte que certaines informations qui y étaient racontées ne tenaient pas la route!

L'encyclopédie...  Dans combien de bibliothèques n'a-t-on pas vu pendant des années se parader leurs reliures aux couleurs vivres, étalées dans la section livres de références?  Des sections complètes leur étaient consacrées et plusieurs maisons d'éditions en tiraient l'essentiel de leurs revenus.  Aujourd'hui, même la célèbre Encyclopedia Britannica, pourtant un des modèles du genre met davantage en valeur leurs collections en ligne que les livres en multiples volumes qui ont fait ses heures de gloire.  Pourquoi?  Oh, le médium grâce à lequel vous lisez ce livre est en partie la réponse...

L'internet.  Sa rapidité, sa facilité, son efficacité, mais surtout et avant tout, sa très grande adaptabilité. Combien de temps a-t-il fallu aux internautes pour aller indiquer la date de décès de Robin Williams sur Wikipédia à la suite de son décès?  Aucune encyclopédie imprimée ne peut battre cette vitesse, cette capacité d'affût qu'est l'internet.  Le web, c'est la veille permanente, c'est l'adaptabilité constante.

Par contre, et c'est le moins que l'on puisse dire, la rapidité comporte le revers de sa médaille: on doit lire vite, donc pas question de plonger en profondeur.  On ne peut aller autant en profondeur dans un article glané sur Wikipédia, au bout d'un certain nombre de scroll, l'attention diminue.  Même avec tous ses avantages, une encyclopédie sur le web ne peut pas aller aussi en profondeur qu'une encyclopédie papier parce que les gens qui écrivent cette deuxième version ont pour eux le grand avantage de prendre le temps de peaufiner les articles qu'ils vont publier.  Critique des sources, certification de l'information, vérification par les pairs?  Aucune garantie sur le web à moins d'aller chercher une source précise qui le garantie et qui sera bien souvent payante.  La précision et la recherche demande du temps et donc, que l'on paye pour celle-ci.  L'internet est génial pour énormément de choses, mais pour l'exhaustivité, ce n'est pas garantie.

Par contre, quelle magnifique entrée en matière!  Vous voulez avoir un peu plus d'infos sur un sujet?  Ce bon vieux Wikipédia vous donnera un bon coup de main, si vous savez prendre les infos que l'on y trouve avec un grain de sel.  Ensuite?  Des centaines et même des milliers de monographies, papier ou numérique, permettent de plonger plus en profondeur, ce que ne permet pas un long article sur Internet.  De là, un déplacement: où l'encyclopédie était l'entrée en matière, le Web a pris la place, mais le besoin de précision, de véracité, d'une certaine recherche est encore là.  Les livres ont donc encore un bel avenir devant eux.  Ils sont encore très bien armés pour transmettre une information plus dense, dépassant l'entrée en matière.

L'encyclopédie n'a jamais été une fin en tant que tel, mais bien un moyen.  Un outil en somme.  Hautement adaptable.  Le XXIe siècle l'a fait évoluer et il grandira encore.  Par contre, cette formidable porte d'entrée sur la connaissance a encore sa place dans notre monde.

@+ Mariane

6 commentaires:

Calepin a dit…

Vraiment intéressant ! Je partage ton point de vue sur l'instantanéité et la superficialité d'Internet sur un grand nombre de sujet.

Gen a dit…

Faut dire aussi que consulter une masse d'information sur le web, ça devient vite difficile. Certes, on peut faire des copier-coller et des recherches automatiques, mais quiconque a déjà essayé d'approfondir un sujet à partir de Wikipédia sait quel fouilli ça peut donner quand on essaie de consulter 28 pages en même temps!!!

Les encyclopédies papier ont encore leur place je crois, surtout dans les domaines où l'évolution est moins rapide (par exemple la biographie de personnages morts depuis longtemps, des faits historiques, des technologies maîtrisées de longue date, etc).

Moi aussi quand j'étais petite j'avais une encyclopédie illustrée. Et je me souviens qu'elle couvrait des sujets aussi divers que "le ballet" ou "le camping" et elle me fascinait!

Prospéryne a dit…

@Calepin, quelques sites internet vont plus en profondeur, mais c'est loin de contenir l'équivalant d'un livre!

@Gen, étant donné que je me suis déjà perdue des heures sur Wikipédia en cherchant des trucs, je ne peux qu'approuver. Et tu me fais penser que les encyclopédies historiques sont ce que je connais qui se vend le mieux. Par contre, je remarque qu'il y a une tendance au morcellement par sujet: on a plus une encyclopédie qui répond à tout, mais un livre de référence unique sur un sujet précis. Adaptation à la réalité de nos jours quoi. :)

Calepin a dit…

Mais ce n'est pas tant le fait qu'un site va loin ou non. Il me semble qu'il y a une association entre Internet et rapidité/superficialité. Quand c'est le moment d'aller fouiller dans un livre, juste le fait de poser le geste (fondamentalement plus lent) implique une recherche différente.

Prospéryne a dit…

C'est le mot superficialité qui me fait tiquer. Si tu le prends dans le sens sommaire, qui va juste à la surface des choses, je te comprends, mais si tu le dis dans le sens de futile ou frivole, pas d'accord, certains site internet sont à l'extrême opposé, justement, ils visent à donner l'information juste et exacte. Néanmoins, jamais ils ne pourront battre l'engagement de soi que constitue la consultation d'un livre parce qu'un site web est très facile à quitter d'un clic.

Calepin a dit…

@ Prospéryne : Oui, je le prends dans le sens de sommaire.