mercredi 25 juin 2014

Comme deux planètes dans un même système solaire

Salut!

On dit souvent que les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus.  Façon de dire que si tous les deux sont humains, ils n'en sont pas moins très différents.  J'ai souvent pu constater que c'était le même cas entre les littéraires et les libraires.  On se croise, on se rejoint sur de nombreux points, on est même allié plus souvent qu'autrement, mais reste qu'il y a une différence.

Parlez à des auteurs.  Ils vont parleront réécriture, schéma narratif, du fin travail de peaufinage de l'écriture, des angoisses de création, de leur direction littéraire, de leur éditeur, bref du travail d'écriture.  C'est normal, c'est leur travail!  Être écrivain, c'est être créatif, c'est inventer, c'est faire jaillir un livre qui n'existait pas encore de sa tête, en ne partant bien souvent que du contenu de celle-ci.  Tout un boulot.  C'est normal que les auteurs développent entre eux un vocabulaire pour se parler, pour se comprendre.  De l'importance de certains gestes communs à tous: se garder du temps pour écrire, de «tabletter» leurs livres en cours.  Des anecdotes de lecteurs en Salon du livre aussi.  Ils peaufinent leurs méthodes, partagent leurs trucs, leurs astuces.  Je l'ai souvent remarqué.  Le processus de développement propre à un roman est tellement prenant que les auteurs se mettent à en parler facilement.  D'où leur vient leurs personnages, leurs idées, leur inspiration.  La création littéraire d'un  est un monde en soi.  Un monde que je côtoie souvent, mais dont je fais plus ou moins parti.

Par contre, faites-moi rencontrer d'autres libraires et la discussion va me venir encore plus vite!  Parler de ventes, de présentation, de distributeurs, d'éditeurs, d'auteurs qui publient là ou là, de stratégies de ventes...  Des heures de conversations en prime!  C'est en parlant à d'autres libraires que je m'en suis rendue compte.  On a notre propre langage à nous, commun à tous les libraires de la province.  Très différent du langage des littéraires.  Quoique les anecdotes sur les clients ressemblent parfois beaucoup à celles de Salon du livre ;)  Ce n'est pas une opposition, mais ce sont deux planètes différentes: l'une d'entre elle parle du processus qui part de l'étincelle de création jusqu'à l'arrivée du livre en librairie et ensuite, l'autre planète le prend en charge pour qu'il commence sa vie propre.

C'est un peu comme les musiciens et les disquaires: l'un crée, l'autre promeut, propage, vend l'oeuvre du premier.  Un disquaire, tout comme un libraire, est un relais, un passeur de l'oeuvre, la courroie de transmission entre l'artiste qui ne peut être présent sur tous les points de vente en même temps pour faire découvrir son oeuvre et le lecteur ou le mélomane qui veut découvrir de nouvelles oeuvres.  Chacun son métier.  Je peux dire en toute honnêteté qu'être une courroie de transmission est un métier des plus agréables.  On fait découvrir les oeuvres des autres.  Un placebo à l'envie de créer?  Non, pas vraiment, plutôt une envie de partager ce qui nous fait frétiller de passion.

Je fréquente les deux planètes.  J'ai plus de jasette dans l'une que dans l'autre, mais n'empêche, je suis très heureuse de pouvoir fréquenter les deux côtés de cet univers.  Les deux faces de la même médaille.  Les deux couvertures du livre si on veut.  Tous les deux ont leurs avantages, tous les deux ont leur force, même s'ils partent de base très différentes.  C'est un plaisir de les voir se compléter.

@+ Mariane

3 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

Hum, en tout cas moi, j'ai l'impression que je manquerais de conversation dans une gang de libraires! Alors que je suis un petit poisson dans l'eau avec les auteurs... ;)

Gen a dit…

J'aime l'analogie! :)

Prospéryne a dit…

@Isabelle, chacun ses affinités! ;)

@Gen, elle me semblait parlante en effet! :)