lundi 12 mai 2014

Science-fiction et sciences humaines

Salut!

À force de lire de la science-fiction, j'ai remarqué un détail: toutes ces histoires se passent dans des univers futuristes, voire lointains, des univers très loin de nous, de notre quotidien.  Néanmoins une constante reste: la science-fiction reste un laboratoire de comment l'humain pourrait réagir face à de nouvelles technologies, face à de nouvelles races, bref, à ce que nous réserve l'avenir.  Dans ce sens, la science-fiction fait bien moins de la science que des sciences humaines, particulièrement de la psychologie et de la sociologie.

Je l'ai particulièrement vu dans L'échelle de Darwin de Greg Bear.  Ce livre explorait les réactions publiques face à une mutation de la génétique humaine de grande ampleur.  Si l'aspect science était particulièrement bien développé (au point d'épater des copains en science de la santé), le livre s'attardait particulièrement à la réaction des gens face à cette mutation.  Comment réagissait-il?  Comment le gouvernement devait-il agir face à un tel bouleversement?  Comment éviter la panique?  Et pour chaque personne, chaque individu, quel était la bonne réaction à avoir?  Autant de question qui ont tout autant à avoir avec la politique, la psychologie et la sociologie qu'avec les sciences naturelles.

Je pourrais multiplier les exemples.  Derrière chaque roman de science-fiction se cache une question qui a une résonance pour l'être humain et non seulement pour la technologie.  La science-fiction consiste à inventer des réponses à des questions auquel on n'a pas encore fait face.  Cela peut se faire de manière spectaculaire, ou encore de manière très psychologique.  La littérature permettant d'entrer dans la psychée d'un personnage d'une façon unique, elle est sans doute l'art le plus à même de nous entraîner dans les questionnements d'une personne confrontée à une situation autrement inaccessible pour nous.

Si on pousse certains contextes, certains thèmes aux extrêmes, qu'arrive-t-il?  Si les dernières découvertes scientifiques, si les possibilités qu'elles ouvrent s'avèrent, qu'arrivera-t-il, comment réagirons-nous?  Comme individu, comme société?  Devons-nous nous rebeller, nous adapter?  Qu'est-ce que cela changera dans la façon dont nous nous voyons nous-même, dans la façon dont nous voyons l'autre?  Toutes des questions qu'adore la science-fiction.

Au contraire de la fantasy ou du fantastique qui présente souvent un héros en quête, donc un parcours bien plus lié à un individu qu'à une société, la science-fiction se prête plus facilement aux questionnements profonds.  Pas que les scènes d'actions intenses ne s'y prêtent pas, mais honnêtement, combien de fois avez-vous entendu parler de destinée dans un roman de SF?  Combien de roman sont basé sur une quête, comparé à l'écrasante majorité des romans de fantasy ou de fantastique?  On peut bien sûr rigoler, faire une SF totalement loufoque, de nombreux space opera n'ont rien de sérieux!  Reste que l'avenir pose de nombreuses questions et que la SF est une façon d'y répondre, d'anticiper l'avenir.

Je suis une fille de sciences humaines, j'ai étudié l'histoire et souvent, je lis de la SF en pensant aux méthodes que l'on m'a apprise pour analyser les événements historiques.  Je suis surprise de voir les résonances.  L'humain reste l'humain, peut importe les croyances, les époques... et les technologies qu'il utilise.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Excellente analyse de la SF et de son rapport aux sciences humaines! :) Les tenants de la Hard SF (où la science est super super super bien expliquée) oublient souvent cet aspect des choses. D'ailleurs, ce qui frappe parfois à la lecture de certains "grands" de la Hard SF, c'est que plusieurs parmi eux étaient meilleurs scientifiques que psychologues! lol! ;)

Prospéryne a dit…

Merci Gen! Venant d'une historienne, le compliment compte double! ;)