vendredi 23 mai 2014

Qui s'inspire de, qui s'inspire de...

Salut!

En niaisant sur Youtube (et oui, ça m'arrive!), je suis tombée sur un canal offrant toute une gamme de top 10 de films sur différents sujets: top 10 des meilleurs films de vampires, de loups-garous, comédies des années 1980, etc.  Certains sujets sont assez évidents, mais d'autres sont plus recherchés et au-delà des connaissances cinématographiques que cela m'apporte, j'aime bien regarder les idées soulevées par ces top 10.  Récemment, j'ai vu l'un deux parlant des films inspirés de contes.  Le numéro un était... La Matrice.  Ok, mon cerveau a fait trois tours en voyant ce film.  Parce que je ne m'y attendais pas.  La Matrice, inspiré d'un conte???  Pourtant, c'est vrai!  En y regardant de plus près, on voit clairement les allusions au bon vieux classique de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.  Neo est comme Alice plongeant tout au fond du terrier du Lapin Blanc.  D'ailleurs, au début du film, on lui dit clairement de suivre le Lapin Blanc à un moment.

C'est comme Star Wars.  Inspiré d'un conte?  Non, évidemment, à première vue, on dirait que non...  Un homme en fer, un animal énorme et tout couvert de poils, une jeune fille naïve, un garçon cherchant le courage...  Le Magicien d'Oz ou l'univers bien connu de Georges Lucas?  L'un est inspiré de l'autre.  Je n'ai pas trouvé de traces de cette source d'inspiration sur Internet, mais je me rappelle que Carrie Fisher l'avait mentionné dans un supplément d'un DVD lors de la sortie des versions allongées.  Entre le Kansas et une galaxie lointaine, très très lointaine, il y a un pas et c'est justement ce qui fait la différence entre les oeuvres.  Un s'inspire de l'autre, qui s'inspire d'un autre et qui s'inspire d'un autre.  Inspiration ne veut pas dire copie.  Chacun y ajoute de sa compréhension du monde, de son expérience personnelle, de son vécu pour recréer une histoire.  Et chaque fois, l'histoire en ressortira différente.

Attention, les sources d'inspiration peuvent être autant fictionnelle que réelle.  Dans l'un des textes explicatifs entre les nouvelles de Chrono-Minets, Isaac Asimov explique qu'il s'est inspiré d'un livre racontant la chute de l'Empire romain pour sa série Fondation.  George Lucas s'est aussi plongé dans les histoires de démocratie tournant à la dictature pour créer son univers.  Jules César, Napoléon Bonaparte ou le tristement célèbre Adolf Hitler, ça vous dit quelque chose?  Hé oui!  On ne peut réécrire l'histoire, mais on peut la réinventer dans la fiction, encore et encore.  La raconter différemment peut-être pour essayer de tirer des leçons de celle-ci?  Ou non.  L'auteur Guy Gavriel Kay s'est fait une spécialité de réécrire l'histoire en y ajoutant ou non une touche de fantasy.  Ses récits racontent l'histoire, mais en changeant juste assez celle-ci pour que l'on comprenne à quoi il fait allusion.  Une autre façon de transformer l'Histoire en une autre histoire.

On peut remonter loin ainsi!  De nombreux auteurs contemporains affirment devoir beaucoup à Tolkien et à son cycle du Seigneur des anneaux.  Lui-même disait devoir beaucoup à William Morris, auteur anglais de la fin du XIXe siècle.  Celui-ci était très attiré par la calligraphie, il en avait même spécialement composée une pour réédité les poèmes de Chaucer.  Cela l'a rapproché des récits du Moyen-Âge.  Ceux-ci étaient fortement influencés par la littérature chrétienne, pratiquement devenue une mythologie au cours des siècles, elle-même fortement métissée de culture celtique, entre autre dans le cycle célèbre des aventures du roi Arthur.  Les origines de ces légendes remontent à la chute de l'Empire romain d'occident, aux alentours du Ve siècle.  Empire romain qui avait largement pillé la mythologie grecque qui l'avait précédé.  Cette même mythologie marchait dans les traces de l'Illiade et de l'Odyssée, célèbres poèmes, les premiers de la littérature occidentale du non moins célèbre Homère.  Celui-ci, si tant est qu'il a bel et bien existé, a mêlé réalité et fiction datant de plusieurs centaines d'années avant lui pour décrire une civilisation qui n'était déjà plus.  De toutes façons, ces récits ont été pendant des générations transmis de façon orale.  Comme de très nombreux autres avant l'invention de l'écriture.

Et ainsi, on peut remonter loin, loin dans le temps...  Jusqu'à, il y a très très longtemps, l'un de nos ancêtres, au coin du feu, invente un morceau de la réalité qui n'existait pas encore.  Une histoire.  Quelque chose qu'il avait vécu ou non, mais qu'il avait réinventé, recréé, par lui-même.  Le début de l'imaginaire, de la fiction et d'une autre façon de voir le monde.

@+ Mariane

4 commentaires:

Vincent a dit…

Wow... Star Wars et Le Magicien d'Oz, vraiment? À part pour l'aspect de certains personnages, le lien n'est pas très évident. Par contre, le parallèle est vraiment plus facile à faire entre "Hidden Fortress" film de Akira Kurosawa et Star Wars. Star Wars a vraiment l'air d'une copie réadaptée de Hidden Fortress: une princesse (Léa) en fuite qui a du chien est accompagnée d'un vieux général (Obi-Wan Kennobi) et rencontre deux zigotos comiques qui font plein de conneries (C3PO et R2D2). Si tu enlèves les parenthèses, c'est exactement la description de Hidden Fortress. :p

Vincent a dit…

J'ai oublié de dire: très intéressant ton billet! ;)

Gen a dit…

Intéressant billet, mais je trouve que l'inspiration est considérée dans son sens large, très large. Difficile quand on y va aussi large de ne pas trouver des ressemblances entre n'importe quel film et un conte. Parce que, comme tu le soulignes, le fonds de récit mythologique n'est pas si vaste, ce sont souvent les mêmes motifs qui reviennent, qui sont repris d'une civilisation à l'autre.

Et comme dit Vincent, pour Lucas, au lieu du Magicien d'Oz, j'irais voir Hidden Fortress (le film est bon en lui-même en plus... enfin, dans le genre comédie d'action historique japonaise! ;)

Prospéryne a dit…

@Vincent, je ne connais Hidden Fortress, ma culture générale sur le cinéma japonais est disons, extrêmement... négligeable! :P Comme je l'ai dit dans mon billet, c'est un commentaire de Carrie Fisher dans un DVD qui m'a fait faire le lien entre Star Wars et le Magicien d'Oz. Aucune oeuvre n'a une source d'inspiration unique non plus.

@Gen, chaque personne va faire en lui-même la somme de ce qu'il a appris et il est impossible de prévoir à l'avance qui retiendra quoi dans une oeuvre, ce qu'il aimera, ce qu'il détestera. J'ai fait un chemin à l'envers pour montrer que cela n'a pas vraiment de fin ou de début, mais ce n'est jamais une ligne directe. Sinon, ce serait beaucoup trop facile! :P Et puis, les événements bien réels de la vie sont aussi une source inépuisable d'inspiration.