mercredi 31 décembre 2014

2014: Un bilan

Salut!

Une autre année qui s'achève.  Une autre année de blogue, de lectures, d'aventures livresques et de tout le reste.  Une année qui s'achève avec beaucoup de changements aussi.  Ce qui s'est fortement répercuté sur le blogue, malheureusement.  Je crois qu'en quatre ans, je n'ai jamais été aussi inconstante que cet automne, merci de votre patience à tous!  Est-ce que j'espère que ça va s'améliorer pour 2015?  Oui, ça c'est sûr, mais je ne pense plus être capable de maintenir tant que ça le rythme effréné que je me suis imposée pendant des années.  Pas question d'arrêter, mais disons que je ne vais sans doute pas revenir avant un moment à mes cinq messages par semaine.

Ce n'est pas tant l'inspiration qui manque, mais l'énergie.  Le temps, je l'ai parfois, mais pas celui de me mettre à mon clavier pour pondre des billets, ça me demande à la fois du calme et de l'énergie (ou un bon verre de vin!) et bon, c'est variable dans le temps.  De sorte que si autrefois je me mettais à mon clavier le vendredi soir et que j'étais capable de pondre trois billets coups sur coups, là, c'est plus dur.  Pas de trouver les idées, non, plutôt de trouver le ton et le souffle.  La muse des blogueurs m'a semblé bien inconstante cette année.

Côté lecture, j'ai vraiment été dans toutes les directions, toutes les avenues, sans restriction aucune.  À mettre sur le côté marquant de l'année, L'échelle de Darwin de Greg Bear (auteur que j'avais découvert dans la série Halo¸et dont j'avais beaucoup aimé la plume).  De la SF très élaborée, plus science que fiction d'ailleurs ou l'art de mêler une théorie scientifique complexe à une intrigue drôlement bien ficelée.  Ça m'est resté dans la tête pendant un moment.  Autre belle découverte, Les ignorants d'Étienne Davodeaux sur l'initiation croisée entre la BD et la vigne, entre un débéiste et un vigneron.  Très belle histoire qui prouve que l'on a pas toujours besoin de course-poursuite pour avoir une très belle oeuvre littéraire et qu'à sa façon, la BD peut très bien mener à la littérature.  J'ai aussi adoré Les contes d'outre-tombe de Jacques Lamontagne, un bédéiste qui normalement, signe soit les scénarios, soit les dessins de ses BDs.  Ici, il a fait les deux, nous offrant un album qui sous forme de brèves BD, pratiquement des nouvelles en BD, rend un hommage au fantastique à l'ancienne.  Un petit bijou passé sous le radar.  Crimes à la librairie aura aussi été une lecture marquante, dans le sens où elle m'aura permis de découvrir tout plein de plumes québécoises de polar et... m'a donné envie de les lire.  Comme un plateau de canapés permettant de faire découvrir la saveur d'une bande d'auteurs d'ici extrêmement doué.  Une excellente chose quand on sait que le polar n'est pas ma tasse de thé au départ.

J'ai encore tâté du livre audio cette année, en pestant souvent au moment des choix parce que celui-ci est restreint quand on préfère les oeuvres en intégral.  Les condensés, pas trop pour moi.  À ce titre, quelle déception de découvrir en voyant la version papier d'un livre que l'on lit en audio qu'il devrait faire au moins le triple de ses six heures.  Grrr...  Je me suis tapée plusieurs livres numérique également, pas tant que ça, mais la Bête a servi.  Elle risque de servir encore en 2015!  J'ai intégré ces deux modes de lectures à mes habitudes et ça me donne des outils pour lire davantage.

Au fait, si l'énergie à consacrer au blogue a diminuer en 2014, celle à la lecture également.  Et puis, il faut le dire, je me suis trouvée une nouvelle drogue: les séries télés.  Comme grande bouffeuse de temps, ça vaut bien le diabolique catalogue de visages!  D'autant plus que quand on commence à en regarder, on tombe sur plein d'addict qui vous dise: mais tu devrais regarder ça, et ça, et ça.  Et au final, ça bouffe beaucoup de temps de lecture.  Autre chose, j'ai pris la mauvaise habitude d'aller lire juste avant d'aller dormir et là, phénomène qui ne m'était jamais arrivé avant, je me rends compte que certains soirs, j'ai totalement oublié ce que j'ai lu la veille!  Vraiment bizarre!

La dernière partie de l'année aura indéniablement été marquée par le Grand Défi de la littérature québécoise.  Je termine le premier tiers du défi avec 111 points, ce qui est quand même pas mal.  J'ai beaucoup réorienté mes lectures vers le québécois pour cette raison, mais ça a été en grande partie pour le mieux.  Plusieurs belles découvertes et j'ai même lu un recueil de poésie (fallait vraiment que ça compte pour les points pour que je fasse ça...)

Quand au plaisir?  J'ai abandonné relativement peu de livres, mais je me rends compte avec les années que les livres vraiment capable de me transporter se font plus rare et en deviennent d'autant plus précieux.  Avec la critique, les défis, je lis pour plein d'autres raisons que le plaisir et c'est un sens qu'il faut maintenir, sinon, trop de livres ordinaires à la file peuvent tuer le goût de lire.  C'est un risque qui guette tous les lecteurs gloutons comme moi, mais tout de même, c'est un point important à surveiller.

Donc, voilà pour 2014, ce soir, on défonce 2015 avec le sourire et le coeur prêt à accueillir toutes ces belles aventures et lectures qui arrivent.

Bonne année 2015 à tous!

@+ Mariane

mardi 30 décembre 2014

Joyeux Chat-Noël!: Splat de Rob Scotton

Chat-lut!

Jusqu'ici, je vous aie surtout parlé de chats râleurs et égocentriques.  Cependant, ce n'est pas le seul côté des chats que l'on peut mettre en valeur.  Il y a aussi leur côté mignon et adorable que l'on peut tout autant aimer.  En fait, c'est même souvent le cas...  Ce l'est en tout cas avec Splat.  Un chaton encore, mais que l'on suit dans ses aventures sur le chemin de la vie avec son ami Harry-Souris.  Oui, oui, vous avez bien lu, son ami Harry-Souris!  Un chat qui a un animal de compagnie en quelque sorte et en plus, c'est une souris!



Splat est un chat maladroit, pas certain de ce qu'il veut, les pattes encore dans l'enfance, mais résolument félin par ses expressions et son attitude.  Un chaton encore pataud, mais auquel n'importe quel enfant peut s'identifier.  On suit ses moustaches et les courbures de sa queue qui montent et qui descendent au fil de ses émotions, que ce soit à l'école ou sur le chemin de... l'amour!



Je ne vous mets ici que les couvertures des premiers albums, les meilleurs à mon avis.  Évidemment, comme toute collection qui enchaîne les produits, la saveur originale est un peu diminuée au fil des innombrables publications, mais Splat reste toujours aussi craquant avec sa frimousse et sa queue ainsi que ses innombrables aventures.  Un chat-dorable sont les aventures sont faites pour plaire aux petits comme aux grands amateurs de félins.

@+ Mariane

lundi 29 décembre 2014

Joyeux Chat-Noël!: Monchou de Caroline Therrien et Geneviève Desprès

Salut!

Je ne pouvais absolument pas parler de mes albums favoris de chats sans parler de Monchou de Caroline Therrien, illustré de façon indéniablement féline par Geneviève Després.  Alors, parlons de Monchou.  C'est lui là, sur la couverture:



Monchou est vous l'aurez deviné, un chat.  Mais pas n'importe quel chat.  Un chat râleur et chialeur comme il s'en fait peu.  On le câline, on le gâte, on le flatte dans tous les sens?  Ses esclaves le maltraitent bien sûr!  On n'en fait jamais assez pour lui.  Et en plus, il doit endurer la présence sur son territoire d'un abominable chien qui n'arrête pas de lui lécher le derrière aux moments où il s'y attend le moins.  (Vous devriez voir la tête qu'il fait dans ses moments-là, les illustrations de Geneviève Desprées sont juste trop délicieuses dans ces moments-là!)  Bref, Monchou, c'est la plongée dans la tête égocentrique d'un chat particulièrement centré sur lui-même... tel qu'on l'imagine à peu près tous les chats.  J'adore les illustrations cette série, ils rendent bien les mimiques des chats avec une touche très très personnelle qui rend Monchou adorable.  D'ailleurs, c'est remarquable de voir à quel point le texte et les illustrations fonctionnent bien ensemble.

Ainsi, au fil de ses aventures, qu'il découvre le fabuleux monde du dehors (la cours arrière), qu'il se fasse donner un bain (parce qu'il a fouillé dans les ordures) ou qu'il affronte un dangereux sapin de Noël (hihihi!), Monchou est toujours aussi adorable et délicieusement râleur.  Un vrai chat quoi...

               


@+ Mariane

mardi 23 décembre 2014

Joyeux Chat-Noël!: Chester de Mélanie Watt

Salut!

Alors, là, Chester!  Pour ceux qui ne connaîtrait pas cet adorable matou, il est le fruit de l'imagination fertile et débordante de Mélanie Watt. Prolifique auteure jeunesse, celle-ci a le don de nous déballer de saprées bonnes histoires, tout en les illustrant elle-même.  Bon, ça c'est pour l'auteure, mais disons-le, c'est important pour la suite de l'histoire.  Qui concerne Chester.  Disons-le au départ, Chester est un chat.  Un gros chat, un matou même, à l'ego débordant et au crayon marqueur rouge envahissant.  Parce que justement, l'auteure veut raconter l'histoire d'une souris et que Chester s'en mêle!  Regarder sur la couverture, il veut même faire croire que c'est lui l'auteur du livre!



Ainsi donc, tout au long de l'album, alors que Mélanie essaie de raconter l'histoire d'une souris, Chester s'interpose, proteste à coups de crayons et veut que l'on raconte son histoire à lui!  Il faut avoir du talent pour réussir à faire en sorte que l'on suive le dialogue entre l'auteur et son sujet au fil des pages, mais pari réussi pour l'auteure.  Et c'est terriblement rigolo.  Et ne vous inquiétez pas, Mélanie a plus d'un tour dans son sac pour prendre Chester dans ses filets! ;)

D'ailleurs, il n'y pas eu que cet album, deux autres suivent:


Dans lequel Chester, toujours armée de son marqueur rouge essaie de prendre sa revanche sur son auteure (ça ne marchera pas, foi de Mélanie Watt!)

Au point qu'il valait vraiment la peine d'en faire un troisième où Chester en vient au point mortel: il prive son auteure de ses crayons pour être certain de prendre toute la place!  Non, mais Chester!  Sauf que décidément, le talent en dessin n'est pas son fort.  Et que même si ce n'est que par post-its interposés, Mélanie réussira à s'immiscer dans l'histoire.  Hihihi!


Ce chat est un modèle de roublard, tannant dans le sens pur du terme, chialeux, égocentrique... mais tellement rigolo!  Même si on est adulte, on ne peut qu'éclater de rire à ses pitreries.  Un très bel album, qui rend hommage au côté je-me-moi des chats, en leur en ajoutant même une petite couche... pour notre plus grand plaisir!

@+ Mariane

lundi 22 décembre 2014

Joyeux Chat-Noël!: Les aristochats

Chat-lut!

Voici venu le temps des Fêtes et je me permets une petite pause de billet de blogue et de critiques.  On reprendra ça en janvier.  Comme l'an dernier, je vais faire une série de billet sur un thème: ici, je vais vous présenter mes meilleurs albums de chats.  Bon, personne ne sera surpris par ce thème!  Mais l'idée m'est venu d'un adorable petit garçon de cinq ans et demie qui m'a réclamé des albums de chats à Noël...  Alors, voici donc mes meilleurs albums, en commençant par un chat-ssique: Les Aristochats.

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Enfant, j'avais sous la main toute une série d'albums inspirés des films de Disney.  Je ne me rappelle pas avoir pas du moment précis où j'ai lu Les Aristochats pour la première fois, mais comme je suis passée au moins dix fois à travers la pile d'albums, je sais que c'est arrivé à plusieurs reprises!  Alors, voici mon premier album de chats de ma longue carrière de lectrice.


J'ai vu le film évidemment, cette belle histoire d'une chatte de bonne famille avec ses chatons qui est tirée d'un mauvais pas par un matou secourable.  Avec ses trois chatons bien sûr!  Aujourd'hui, je vois les inspirations balzaciennes de l'oeuvre, mais dans le temps, c'était surtout une bande de chats qui se promenaient dans Paris.  Et j'adorais ça!  Duchesse, une chatte très très bien élevée et qui tient à ce que sa marmaille le soi également, représente un côté de la félinité, soit l'élégance.  L'autre côté, c'est Thomas O'Maley, avec son petit côté gouailleur et indépendant, qui montre l'autre face de la félinité, celle de la créature qui ne se laissera jamais mener en laisse.  Il y a eu plusieurs dérivés de l'histoire de base (même dans les années 1980, Disney était déjà abonné aux produits dérivés!) et à vraie dire, je ne les compte plus.  Mais c'est le charme suranné de cette histoire qui me plaît.  Et puis, les chatons étaient tellement adorables!

Beaux souvenirs...

Aussi bons souvenirs, ceux du film (ok, je triche un peu pour cet album, je sais très bien que c'est dérivé d'un film! ;) )



@+ Mariane

mardi 16 décembre 2014

Hunger Games 3- La révolte de Suzanne Collins

Hunger Games  tome 3  La révolte  Suzanne Collins  Pocket Jeunesse 416 pages



Résumé:
Sauvée par le district 13, supposément réduit en cendres depuis des décennies, Katniss doit se reconstruire.  Les derniers Jeux l'ont détruites et Peeta est maintenant entre les mains du Président Snow.  Mais elle est le Geai Moqueur, celui qui a su embraser le peuple contre le Capitole.  Elle doit reprendre son arc et retourner au combat, même si son âme est désormais brisée, détruite.  Car le peuple, qui s'est identifiée à elle, a besoin de ce symbole pour mener à bien son combat.

Mon avis:
J'ai renoncé après la lecture du deuxième tome à poursuivre plus avant cette série.  J'avais eu le temps d'oublier.  C'est le Partie 1 au cinéma qui m'a donné le goût de lire le livre, parce qu'honnêtement, ils nous laissent sur un immense WTF???  Donc, c'est la raison première pour laquelle j'ai ouvert le livre.  Ce qui m'a rappelé pourquoi je n'avais pas voulu poursuivre: ce livre, c'est comme une soupe sans sel.  Le style de l'auteure, direct et sans absolument aucune fioriture, est à la longue dénué d'émotions.  Ça se laisse lire, c'est entraînant, mais côté écriture, ouf!  On repassera!  Le personnage de Katniss est intéressant, même si dans ce troisième tome, son rôle se réduit pas mal à passer son temps entre l'hôpital et les spots télévisuels.  Elle est un outil au service de propagande, qui elle est devient vite secondaire.  Ce qui compte, c'est ce qu'elle peut apporter à la cause.  Elle se pose évidemment beaucoup de questions au travers et sur Peeta aussi, également.  Peeta auquel les Hunger Games l'ont liés, de façon irrémédiable.  Gale?  Un ami qui flirte avec l'amour, mais jamais de la même façon.  Personnellement, je n'aurais jamais sorti de t-shirt Team Gale...  Trop agressif.  Peeta et Gale représente deux façons de lutter: lentement, mais sûrement au quotidien et avec violence et agressivité.  Au final, un roman où l'héroïne est détruite, lentement, mais sûrement, dans ce qu'elle a de plus cher.  Autant physiquement que psychologiquement.  Le roman est également un prétexte pour parler du pouvoir de l'image, mais aussi des dessous des gens qui en tirent les ficelles.  Pour les ados, c'est une bonne réflexion, mais pour l'adulte qui lit, on sent un peu trop le donnage de leçon.  D'autant plus que bien des livres l'ont fait avec beaucoup de finesse.  Mais au moins maintenant, je sais la fin...

Ma note: 3.25/5

lundi 15 décembre 2014

Cerveau et lecture

Salut!

L'autre jour, sur le grand démon dévoreur de temps fait d'un catalogue de visage (pas trop dur de trouver c'est quoi!), une amie me partage cette image:



Ben oui...  Ça a beau avoir été à la blague, cette petite phrase m'a trotté dans la tête.  Parce que c'est vrai que c'est tout un exploit pour notre cerveau de lire...

Au départ, nous avons toute une série de caractère sur le papier.  Chacun de ceux-ci correspondent à un son, à moins que cela ne soit l'une des nombreuses exceptions de la langue française!  Ensuite, ces caractères sont assemblés dans un ordre logique qui permet de créer des mots.  Les mots sont reliés à des concepts, qui permettent de trouver leur sens.  Et d'assembler ainsi des mots qui donnent des phrases, selon un ordre qui est dicté par l'usage et qui définit lentement un paragraphe, un chapitre...  Un livre complet.

Mais pour la personne qui tient le livre, c'est loin d'être aussi complexe.  On ouvre le livre et hop!  on décolle!  Notre cerveau décode les signes sur la page qui défilent sans même que l'on s'en rende compte.  Même les pages que l'on tourne machinalement, on les oublie.  On entre dans un nouveau territoire.  Notre imagination file à une vitesse folle, fournissant des images sur les termes qu'on lit.  Cela permet d'avoir un cinéma directement branché dans notre crâne.  Personnalisé, parce que personne ne verra exactement les mêmes choses: ça dépend des expériences de vie et des connaissances de chacun.  Cependant, on plongera tous dans notre cinéma intérieur grâce aux mots.

Sur l'échelle de l'évolution humaine, la lecture est arrivée tout récemment.  Il y a à peine 3500 ans que l'humain écrit et par l'écrit, il a réussi à faire circuler connaissance et fiction de façon exponentielle au fur et à mesure que la population devenait plus nombreuse à maîtriser ce médium.  Et pourtant, aujourd'hui, des millions de personnes par jour plongent le nez dans un bouquin, que ce soit pour le plaisir, le travail ou les études.  Même sur Internet, l'écrit est le médium qui domine.

Tout ça, c'est notre merveilleux cerveau qui le permet.  Qui nous permet de prendre des tranches d'arbres tachées d'encre pour ensuite halluciner dans notre tête pendant des heures.  C'est bizarre, même dit comme ça, je suis loin de trouver ça insultant tellement au fond, c'est à la fois vrai... et tellement beau!

@+ Mariane

vendredi 12 décembre 2014

Le secret de Mhorag: Le passage interdit de Martin Barry

Le secret de Mhorag 1- Le passage interdit  Martin Barry Libre expression 403 pages


Résumé:
Radnagor est un monstre lacustre, mi-serpent des mers, mi-cheval des eaux.  Il vit dans un petit lac irlandais en compagnie de sa mère, qui semble vouloir le protéger à tout prix du monde extérieur.  Pourtant, elle le laisse seul à un moment, comme régulièrement au cours des innombrables années du cours de leur vie.  Ce qui le poussera à explorer le monde extérieur et à faire la connaissance de Jet, un jeune garçon qui passe son temps à faire d'étranges rêves où il parcourt des tunnels sous-terrains en compagnie d'étranges créatures des eaux.

Mon avis:
Ce livre est un conte fantastique qui part du Monstre du Loch Ness et autre monstres lacustres pour aller gratter beaucoup plus loin et beaucoup plus large, inventant au passage tout un univers.  Tout part des légendes irlandaises et écossaises et on navigue entre le XIVe siècle et le XXIe.  Le tout est intéressant, mais ça manque un peu de sauce.  Tous les éléments sont là et fonctionnent en grande partie, mais tout de même, il manque un petite quelque chose qui ferait vraiment prendre le tout.  À mon humble avis, c'est sans doute du côté des personnages qui manquent un tantinet de piquant.  La plupart sont bien construits, bien pensé, mais il leur manque une étincelle de vie.  Jet, ses parents, son oncle, Vivianne, Mhorag et Radnagor.  Je ne sais pas exactement à quoi cela est dû, mais je n'ai pas pu m'empêcher de me faire la réflexion à la lecture.  Pour le reste, l'histoire est bien pensée et aborde le thème des monstres de lac d'une façon originale en élargissant leur univers de base.  Le livre est somme toute assez page turner.  Beaucoup de rebondissements sont quand même classiques, mais ils s'insèrent bien dans l'ensemble.  On a droit à quelques personnages bien méchants et on touche à un moment à quelque chose de plus gros.  Les scènes médiévales étaient bien, sauf qu'elles me semblaient un peu décollées de la réalité.  Les événements sont comme trop gros pour pouvoir être passés inaperçu à l'époque et qu'on aie pas eu le moindre écho.  Intéressant tout de même.  Je vais sans doute lire la suite.  Pour le plaisir d'une bonne histoire.  :)

Ma note: 4/5

P.S. Pour ceux qui font le Grand défi de la littérature québécoise, il n'y a aucun kilt dans ce livre!!!  Même si ça se passe en partie en Écosse!

mercredi 10 décembre 2014

Mon boss chez le psy d'Alain Samson

Mon boss chez le psy  Alain Samson  Collection Chez le psy  Transcontinental  128 pages



Résumé:
Par une série de questions-réponses, l'auteur décode les habitudes et les manies des patrons pour les faire comprendre par les employés.  Il profite de l'occasion pour donner quelques trucs afin d'aider à améliorer son patron.

Mon avis:
La plupart des comportements de patrons décrits dans ce livre sont relativement courants: le patron qui pique les idées de ses employés, le patron qui ne sait pas orienté ses troupes, le patron qui fait des commentaires désagréables tout le temps.  Expliqué en une page ou deux, avec quelques exemples concrets et des solutions applicables, ce petite livre est une excellente base pour les gens qui ne savent plus trop quoi faire avec leur patron.  Il manque par contre cruellement d'une table des matières pour bien orienter le propos et faire des recherches par la suite.  La plupart des solutions sont réalistes et font appel au gros bon sens.  Bref, un petit livre intéressant pour comprendre les curieuses manies de votre patron et comprendre que s'il n'y a pas de patrons parfait, on peut tout de même avoir une très belle relation avec le nôtre.

Ma note: 4.5/5

lundi 8 décembre 2014

L'Euguélionne de Louky Bersianik

L'Euguélionne  Louky Bersianik  Collection 10/10  Stanké  410 pages


Résumé:
L'Euguélionne a quitté sa planète, à la recherche du mâle de son espèce.  Sur son chemin, elle trouve une petite planète bleue où elle se met à chercher.  Les Hommes l'y accueille chaleureusement et disent qu'elle y trouvera sûrement ce qu'elle y cherche, mais les Femmes lui montrent une toute autre facette de l'histoire.  Car sur la Terre, les Hommes et les Femmes sont loin d'être égaux.

Mon avis:
On a qualifié ce livre de bible féministe et je dois avouer que ça lui convient parfaitement.  Le ton, la façon de raconter, les nombreuses histoires semblables à des paraboles, jusqu'à la numérotation dans les marges qui rappelle la bible.  Par contre, ouf, oubliez la version dieu notre père par contre...  Elle y défait méthodiquement les multiples façons dont s'exprime l'inégalité entre les sexes.  Et elle ratisse extrêmement large: cela va des relations de couples, des tâches ménagères, du poids de la maternité, de l'avortement, de la contraception, du mariage (dans lequel les femmes perdent leur propre nom), jusqu'à la langue française (intrinsèquement sexiste quand on y pense étant donné que le masculin l'emporte toujours sur le féminin, mais je n'y avais jamais pensé avant!), jusqu'aux mutilations génitales.  Lire ce livre est ardu, c'est pratiquement un défi, parce que le ton est biblique, mais le décortiquement en règle de toutes les fois où la balance penche du côté des hommes au détriment des femmes est méthodiquement et brillamment démontré.  Entre autre, la psychanalyse et sa fameuse envie du pénis en prennent pour leur grade et largement!  J'ai rarement trouvé que l'auteur exagérait, mais elle flirtait à de très nombreuses reprises avec ma limite personnelle.  J'ai eu à plusieurs reprises le goût de lui dire que les hommes ne sont pas tous des cons!  Le tout fleure fortement les années 1970, époque où le livre a été écrit, par diverses situations qui ne sont plus d'actualité.  La partie parlant de la perte de son propre nom par une femme mariée ou encore l'accent très fortement mis sur le mot homme pour désigner à la fois le genre et l'espèce (droits de l'Homme, etc).  On sent qu'il y a eu beaucoup de progrès sur ces points entre autre.  D'autres luttes sont loin d'être gagnées.  C'est un livre fort, mais pas un livre qu'on lit pour le plaisir uniquement.  Le lire au complet demande de la volonté parce que c'est loin d'être un livre accrocheur.  Un livre nécessaire, certes, mais pas du genre à être lu comme ça comme détente.

Ma note: 4/5

vendredi 5 décembre 2014

D'où il sort lui (ou elle)?

Salut!

L'autre jour, en lisant la suite de Hunger Games, je suis tombée sur un nom de personnage dont je ne me rappelais pas.  Au point de me dire, mais d'où elle sort elle?  Bon, il faut dire que j'ai lu les deux premiers tomes de la série il y a deux ans au moins et que je ne me rappelle plus de la foule de personnages qu'il y a dans cette série.  N'empêche, j'ai eu comme une espèce de frustration.

De ne pas savoir, de ne pas pouvoir replacer un personnage, oui, c'est frustrant.  Parce que l'on ne sait pas comment le saisir, l'appréhender.  On ne sait pas comment interpréter ses actes parce qu'on a oublié les informations nécessaires sur le passé du personnage pour nous guider.  On a pas sa personnalité, son passé.  C'est comme si on découvrait une nouvelle personne, mais que l'auteur agissait comme si on la connaissait bien.  Et ça, ça crée un décalage qui me fait toujours tiquer.

L'art de rappeler tous les personnages qu'on a pu évoquer dans une série n'est pas évident, ni facile.  Mais certains indices que l'auteur sème comme les cailloux du Petit Poucet, certaines expressions que l'on utilise pour un seul personnage, ou encore certains traits physiques particuliers sont souvent très pratique.  Parce que mentalement, on les lie à tel ou tel personnage et quand on les revoit, on fait le lien avec le personnage et par extension, aux événements qui se sont joués autour de lui.  C'est une façon de nous nous ramener le personnage dans le présent, lui et tout ce qu'il suppose.  Souvent, c'est même plus efficace que son seul nom.

Je me rappelle avec plaisir des romans de J.K. Rowling pour ça.  Elle avait le don de remettre ses personnages que l'on avait pas vu depuis longtemps en scène sans trop mettre de longueur.  Juste en une phrase ou deux.  D'ailleurs, elle réintroduisait ainsi tous ses personnages, même Ron et Hermione, à chaque début de livre.  Une façon de faire qui permettait de toujours savoir à qui on avait affaire.  C'est d'ailleurs surtout sur ce point que Hunger Games m'a frustrée.

Lire les séries en rafale épargne ce genre de problèmes, mais c'est loin d'être toujours possible.  Il y a les délais de publication, le fait que l'on ait pas tous les tomes sous la patte ou encore que l'on étire notre lecture de cette série.  Tout ça finit par nous mêler dans notre lecture.  Et c'est dommage.

Surtout quand on passe le tiers du livre à nous demander d'où peut bien sortir un personnage (merci Wikipédia!  Des fois, tu es vraiment pratique...)

@+ Mariane

jeudi 4 décembre 2014

Les jours de l'ombre de Francine Pelletier

Les jours de l'ombre  Francine Pelletier  Alire  306 pages


Résumé:
Sha'Ema le sait, un oeil pousse juste sous son sein.  Un troisième oeil.  Comme sa mère avant elle, elle est dorénavant une impure et elle sait ce qui l'attend: la mutilation et ensuite le couvent.  Alors, elle préfère fuir.  Tout au long de son voyage, elle croisera de nombreuses personnes qui comme elle, à des degrés divers, se métamorphosent.  Voyageant avec des comédiens ambulants, vivant de ses talents de pelissière, Sha'Ema trouvera sur son chemin les réponses à ses questions.

Mon avis:
En abordant ce livre, on pense tout de suite que l'on va lire un bon roman de fantasy, écrit pour des femmes, par une femme.  Pourtant, ce n'est pas le cas...  Au final, on se retrouve avec un excellent roman, mais pas de fantasy, mais bien de science-fiction!  Les deux trames se mêlent habilement.  On commence dans l'un et tout à coup, pouf! sans s'en rendre compte, on est tombé dans l'autre.  C'est tellement bien fait que l'on tombe dedans sans la moindre douleur.  Quand au fait qu'il soit écrit par une femme pour des femmes et bien, je crois que c'est assumé.  Non pas que cela soit péjoratif, absolument pas.  Il n'y a pas dans ce roman cette épaisseur de guimauve qui tartine souvent les romans destinés à un public féminin.  Sha'Ema est intelligente, a la tête sur les épaules et gagnera sa vie grâce à ses talents, pas son physique.  D'ailleurs, elle n'a pas vraiment de protecteur, les hommes l'entourant étant ses amis et égaux.  Ah oui et elle ne passe pas son temps à prendre des décisions idiotes qui lui font mettre les pieds dans les plats, ce que j'ai beaucoup apprécié.  Par contre, il faut le dire que le genre impose certains codes avec lequel le livre ne fait que flirter, sans se les approprier vraiment, ce qui cause un certain décalage.  Rien pour gâcher la lecture, juste de quoi faire légèrement tiquer.  La fin m'a laissé dubitative: positive, négative?  Aucune idée.  C'est plutôt ouvert, mais une chose est certaine, c'est que Sha'Ema fera ses propres choix, guidée par son coeur uniquement.  Un très bon livre, à mettre dans les mains des femmes qui croient que la SF ce n'est pas pour elles.  Au contraire, elle montre que la SF, loin des idées reçues, c'est vraiment pour tout le monde.

Ma note: 4.25/5

mercredi 3 décembre 2014

Les innombrables variations sur le thème des contes

Salut!

Depuis quelques mois, j'ai développé une grave dépendance à la série Once upon a time.  Pour ceux qui ne connaîtrait pas encore (ça existe???), la série raconte les aventures d'Emma Swan, une jeune femme qui grandit dans notre monde en ignorant qu'elle est en fait la fille de Blanche-Neige et du Prince Charmant, prisonniers d'une malédiction qui leur a fait oublié leur passé.  Cette série, addictive au possible, est particulièrement intéressante car on y croise les éléments de dizaines de contes: Blanche-Neige (bien sûr!), Le Chaperon rouge, Pinocchio, La Belle et la Bête ainsi d'autres contes des Frères Grimm, Perreault et Andersen, d'autres plus anciens comme ceux de la mythologie grecque et aussi des histoires plus modernes comme Peter Pan, Alice au pays des merveilles et Frankenstein.  Pour un amateur de littérature, c'est un gros morceau de bonbon que cette série, d'autant plus qu'elle est écrite avec beaucoup d'intelligence.

Cependant, ce n'est pas le premier cas où les contes sont réutilisés à différentes sauces, autant au cinéma, à la télévision que dans les livres.  Des contes «classiques», Disney a tiré toute une série d'adaptation plus ou moins inspiré de l'histoire de base.  D'ailleurs, Disney ne serait pas Disney sans le trio Grimm, Perreault, Andersen.  Cependant, il faut le dire, il a réécrit de nombreux passages pour les mettre à la «sauce» Disney.  Comme me l'a déjà dit un prof de cégep, les versions de base des contes, qui n'était pas destinés aux enfants, aurait pu causer quelques appels à la DPJ...  Tsé, quand dans la version originale, la méchante reine danse sur des charbons ardents jusqu'à ce que mort s'ensuive, c'est pas vraiment pour les enfants...  Comme plusieurs après lui, Disney s'est réapproprié le conte en le transformant un peu.  Il n'est pas le seul.

Ce que je trouve particulièrement intéressant dans Once upon a time comme dans toute création de ce genre, c'est la réutilisation des histoires de base.  Leur transformation.  Les contes de base, les histoires, on les connaît.  On les a lu enfant, on a frémi des idées fourbes de la Méchante Reine, on s'est amusé dans le ciel avec Peter Pan, on a son notre nez s'allonger comme celui de Pinocchio.  C'est de voir la transformation qui est intéressante.  De voir là où notre vision d'enfant s'arrêtait et où a commencé le regard de l'adulte sur le même conte.  Dans la série télé, c'est de comprendre les raisons des actions des personnages qui est intéressante.  C'est de se demander, à la place de la Méchante Reine, aurais-je réagi autrement?  Et maintenant que je connais son passé, que je la connais un peu mieux, est-ce que je la juge un peu moins sévèrement?  Est-ce que Blanche-Neige est aussi blanche que son nom ne le laisse entendre?  Les personnages des contes sont manichéens.  Ils sont blancs ou noirs.  L'adulte qui retrouve ces personnages verra leur complexité et leur humanité au-delà des clichés.

Parce qu'au départ, les intrigues des contes, elles étaient complexes.  Riches en situations, en personnages aux caractères très divers, en rebondissements multiples.  Le riche tissu dont elles sont faites n'attendait qu'à être réutilisé, replié, retordu pour en montrer d'autres facettes.  Voilà pourquoi les contes classiques, même s'ils sont connus et archiconnus sont aussi faciles à réutiliser.  En même temps, c'est une base sur lequel on peut facilement s'appuyer parce que l'on part de quelque chose de déjà connu, qui nous rappelle notre enfance, sinon notre jeunesse.  Quoi de mieux que de construire sur des histoires datant de l'époque où leur magie était la plus puissante?

@+ Mariane

mardi 2 décembre 2014

La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

La vérité sur l'affaire Harry Quebert  Joël Dicker  Audiolib Environ 21h 15



Résumé:
Marcus Goldman est un écrivain dont le premier livre a été un immense succès.  Un an après, il est atteint de la maladie des écrivains: la page blanche.  Il va trouver refuge chez son mentor, Harry Quebert, un professeur d'université et auteur d'un immense succès de librairie: Les origines du mal.  Là, il découvre que Harry trente-trois ans auparavant, a été amoureux d'une adolescente de 15 ans, Nola Kellergan, alors que lui-même en avait 34, et que celle-ci est mystérieusement disparue, le laissant dans l'attente de son retour, depuis tout ce temps.  Il a écrit Les origines du mal pour elle.  Quelques semaines après cette découverte, on retrouve le corps de Nola... dans le jardin de Harry.  Incapable de croire que son mentor a tué la jeune fille, Marcus se lance dans une enquête afin de découvrir la vérité.  Une enquête qui lèvera bien des secrets et fera surgir du passé d'innombrables démons, sur fond de médias déchaînés, de campagne présidentielle de 2008 et d'une certaine Amérique profonde où le silence cache de petites et grandes choses.

Mon avis:
Finir ce livre, c'est aligner d'un seul coup tous les jurons que vous connaissez et les répéter une bonne dizaine de fois.  C'est débile comment il prend aux trippes.  Ce n'est pas un polar, c'est un roman, mais un roman qui tient du polar, un roman qui parle de l'écriture, un roman qui parle des livres, un roman qui parle de l'amour, un roman qui parle du passé, un roman qui parle des regrets et un roman qui parle des secrets et du poids qu'ils finissent par représenter.  C'est aussi un roman sur l'Amérique, dans son sens large, celui de ce qui fabrique la mentalité des gens vivant aux États-Unis, particulièrement dans les petites villes où rien ne semble jamais se passer et où les drames déchirent un voile qui semble opaque.  C'est surprenant parce que l'auteur de ce livre n'est pas né dans ce pays.  Le grand roman américain, recherché par tous les critiques du pays, aurait-il été écrit par un auteur parlant une autre langue et venu d'un autre pays?  Ça peut paraître surprenant, mais il me semble que oui, tellement dans ce livre, on sent l'essence de ce qui fait des américains ce qu'ils sont, avec tous les défauts et toutes les qualités que cela comporte.  Ce roman est un roman polyphonique, tous les personnages y ont une place, une voix et c'est le choeur de ces voix qui vont mener à la vérité sur les événements du 30 août 1975, où Nola Kellergan est disparue.  On découvrira bien des choses sur les habitants de la petite ville d'Aurora où se déroule l'histoire, entre autre que les petits gestes qui semblent sans conséquence peuvent en avoir de grandes.  Et que quand un crime touche des gens proches, qui se connaissent depuis longtemps, ces liens sont le meilleur ciment du silence.  Même dans sa construction, ce roman est un exploit: c'est une poupée russe où l'on découvre un secret à l'intérieur d'un secret, à l'intérieur d'un secret.  D'autant plus que le livre se déroule sur plusieurs époques, dans plusieurs milieux, mais tout se relie, tout est magnifiquement démontré.  On pourrait parler de ce livre en accumulant les clichés, mais c'est justement son génie: il les dépasse, les surpasse, même si on sait que telle idée a déjà été discutée, parlée, il la déconstruit et la reconstruit avec un talent rare et indéniable.  Ce livre, je le déteste, pour ne pas dire que je le hais, il m'a prise dans ses filets, m'a bousculée de tous les côtés et m'a jetée par terre.  Et j'étais prisonnière de lui, je devais avancer, le finir, savoir ce qui était arrivé à Nola Kellergan.  C'est un livre qui m'a fait chier, mais dont je ne peux que reconnaître l'immense qualité et quelque part aussi, le génie.  Félicitation au lecteur, Thibault de Montalembert pour avoir su si bien rendre la voix de l'auteur dans ses mots et aussi d'avoir respecté la prononciation des noms propre et de lieux dans leur langue d'origine, permettant de préserver la saveur de l'effet de plongée dans l'Amérique où se déroule l'intrigue.

Ma note: 4.75/5

lundi 1 décembre 2014

Dans le regard d'un enfant

Salut!

Aimer la lecture, faire aimer la lecture, faire aimer la lecture à un enfant... C'est pratiquement devenu un mantra avec les années.  On nous le dit, on nous le répète, on nous le serine sur tout les tons.  L'importance de la lecture est telle dans le futur cheminement scolaire d'un enfant!  Autant lui donner envie de déchiffrer les petites bêtes noires sur la page blanche!

Plus facile à dire qu'à faire cependant.  Parce que pour développer l'amour du livre, cela demande une chose après laquelle on court facilement: du temps.  Du temps, mais pas juste du temps, du temps de qualité, du temps pour apprécier ce que l'on fait.  Du temps pour donner envie, pour faire plaisir, pour créer un moment magique entre l'enfant, nous-même et le livre.

Il faut savoir prendre ce temps, pour voir s'allumer dans ses yeux cette petite étoile brillante qui montre qu'il comprend, qu'il saisit, qu'il embarque dans l'histoire.  Qu'il y prend plaisir, qu'il aime ce qu'il fait.  Pour cela, il n'y a pas 36 façons: il faut le faire, tout simplement, mais pas comme une corvée.  Il faut y prendre autant plaisir que l'enfant.

Ces temps-ci, je voit la petite lueur s'allumer dans les yeux de Neveu.  Il a cinq ans et demi et quand on parle d'histoires, ses yeux se mettent à briller comme deux diamants.  Il faut dire qu'il a vite fait le lien: Matante Mariane = histoires!  Et je me délecte de le voir dévorer les histoires sur mes genoux (ou perché sur mes épaules, c'est sa dernière manie, mais j'avoue que c'est dur pour le dos!).  Il regarde avec une attention rare les images et pointe du doigt les personnages en me demandant: c'est tel personnage lui?  Oui mon grand, c'est lui.  Il comprend.  C'est merveilleux!

Le fait d'être en contact avec des livres aide, c'est certain.  L'accès à une bibliothèque est très important, surtout à la maison, mais le contact peut se faire autrement.  Le point à retenir, c'est que l'enfant ne doit jamais être intimidé par les livres.  Ce sont ses amis, ses compagnons, il peut aller avec eux jusqu'au bout de l'univers.  Ce n'est pas qu'une histoire, c'est un univers qu'on lui ouvre.

L'histoire avant d'aller faire dodo est une part importante du rituel de nombreux enfants.  C'est une excellente façon de faire.  Mais pourquoi ne garder les histoires que pour le soir?  Elles sont de mises à tout moment de la journée après tout.  L'important est de savoir créer un petit moment rassurant pour l'enfant.  Un moment entre lui, une personne qui sait lire et qui l'aime (ça peut être un enfant plus âgé!) et un livre.  Tout simplement.

Même si on est pas parent, même si nos enfants sont grands, de voir cette petite lueur de plaisir briller dans les yeux d'un enfant à qui on conte une histoire vaut plus que de l'or.  Ça vaut des diamants.

@+ Mariane

vendredi 28 novembre 2014

La petite révolution de Boum


La petite révolution Boum  Collection Anticyclone  Front Froid  92 pages


Résumé:
Florence est une petite fille des rues, quelque part dans une dictature.  Sa vie est faite de survie avec d'autres gamins.  Son seul petit plaisir est d'aller chez un antiquaire écouter un vieux disque de Boris Vian, Le Déserteur.  Mais lorsque la révolution, la vraie, frappe à sa porte, écoutera-t-elle les paroles pacifistes de Vian ou prendra-t-elle le chemin du combat?

Mon avis:
Une petite fille, vivant sous une dictature, tentant de survivre entourée d'une poignée de proches qui ne vivent pas mieux qu'elle.  Qui ne comprend pas touts les enjeux qui l'entourent et avance dans la vie avec ce mélange de touchante naïveté et de conscience de la dureté du monde qui sont le fait des enfants qui ne comptent que sur eux-mêmes.  On comprend son dilemme face à l'affrontement, elle qui aime tant la chanson Le Déserteur et qui pourtant est entourée de gens qui veulent faire la guerre.  La passion pour la révolution qui l'embrase soudain aussi.  Les dessins rendent d'ailleurs justice à sa candeur, elle qui ressemble à une poupée avec son visage rond et ses grandes joues marquée d'un cercle.   Les autres personnages sont plus allongés, plus étirés, plus marqués par la vie aussi d'une certaine façon.  Les arrières-plans nous plongent facilement dans l'atmosphère étouffante d'une dictature, qui pourrait être ici ou ailleurs, peu importe au fond.  Le récit est centrée sur cette petite Florence qui affronte le monde du haut de sa dégaine et c'est un choix heureux.  Le récit est un peu court, mais bien centré sur l'essentiel.  Il n'y a pas de temps morts ou de surplus.  La place est laissée à l'émotion.  Et aussi à la musique de Boris Vian.  Une belle réussite.

Ma note: 4.25/5

mercredi 26 novembre 2014

Commerce et littérature

Salut!

Si vous suivez le moindrement l'actualité, vous vous rendrez compte que souvent ces temps-ci les mots «monde du livre» riment bien souvent ces temps-ci avec «difficultés».  Financières on s'entend.  J'ai beau retourner la chose dans tous les sens, je vois deux problèmes avec cette ritournelle.

Le premier et bien, c'est que la littérature n'est pas en danger.  Alors, ça non!  Depuis une dizaine d'années, il me semble que l'on a jamais eu autant de livres, de bons livres, autant en terme de qualité que de quantité.  Des auteurs créatifs, des éditeurs audacieux, des livres surprenants, enlevant, fascinants, en voulez-vous en v'là!  Le monde littéraire pullule de bons livres, est capable de mettre ses auteurs de l'avant et de produire des oeuvres de haute qualité.  La littérature en danger?  Je ne pense pas, mais pas du tout.  Le problème, parce qu'il y en a un, est au niveau du tiroir-caisse.  Que voulez-vous, on touche ici à une problématique qui touche l'intégralité du domaine des arts et de la culture: il faut que les gens puissent en vivre.  Et c'est là que le bât blesse.  Si vous entendez parler des difficultés du monde du livre, on ne vous parle absolument pas des problèmes créatifs.  On vous parle de difficultés financières liées aux ventes des livres et de rien d'autre.

Les gens confondent souvent production littéraire et commerce de livre.  Ils sont dépendant l'un de l'autre, même si ce ne sont pas les mêmes personnes qui le font.  Entendons-nous, les auteurs qui comme Kafka écrivent de nuit et travaillent le jour ne sont pas légions, ce genre de vie étant plutôt monastique.  Alors, les auteurs doivent pouvoir vivre des revenus de leurs oeuvres pour pouvoir s'y consacrer.  De là, la nécessité de vendre et comme souvent, ils n'ont pas le temps de vendre eux-mêmes, le métier de libraire.  Même chose avec les autres considérations d'ordre pratique comme les éditeurs et les distributeurs.  Chacun son métier.    Cependant, si quelqu'un se consacre entièrement ou du moins, la majorité de son temps, à un travail, il doit s'attendre à en tirer assez de revenus pour en vivre.  Donc, il faut que les ventes soient suffisantes pour que tout le monde puisse en vivre.  Donc, le problème est là: les ventes sont en baisse.

Ceci étant dit, ce n'est pas que cela le milieu du livre!!!  Et ne parler que des chiffres, c'est se mettre la tête dans le sable: oui, c'est dur, oui, il faudrait une réaction pour corriger le tir, oui, il est grand temps qu'on le fasse, mais bordel, ça ne résume pas tout ce qui se brasse là-dedans!!!  Mettre toujours l'accent sur les problèmes ne me semble pas une solution pour encourager les gens à aller voir derrière le voile.  On parle trop des problèmes (réels!) et pas assez des réussites, de ces auteurs qui vivent de leur plume, de ces éditeurs qui connaissent le succès, de ses librairies qui n'hésitent pas à innover et à sortir des sentiers battus.  Peut-être parce qu'il y en a trop, tellement qu'on ne les remarque plus.  Au-delà des difficultés, des faillites, des fermetures et des jours maigres, il y a une vitalité bien présente, bien vivante, une énergie qui ne ne demande qu'à être déployée.  Des gens motivés, il y en a beaucoup.  Les chiffres grugent leur énergie, mais pas leur coeur au ventre.

Pour que la littérature fleurisse, il faut que ses auteurs soient payés et à un juste prix.  Rien n'est parfait dans l'industrie du livre au Québec, mais elle existe et il est plus facile de construire à partir de ce qui existe plutôt qu'à partir de rien.  Il faudrait juste commencer à parler de ce qui va bien plutôt que de ce qui va mal, ça serait mieux pour tout le monde.  Les gens veulent aller vers ce qui va bien, pas vers ce qui décline parce que la littérature au Québec, elle continue de se vendre et de générer des profits, année après année.

@+ Mariane

mardi 25 novembre 2014

Les pièces détachées de David Turgeon et Vincent Girard

Les pièces détachées  David Turgeon et Vincent Girard  La mauvaise tête  144 pages



Résumé:
Laura est une jeune musicienne de 19 ans.  Étudiante à Montréal, vivant à Repentigny, elle a grandit auprès d'un père détaché de lui-même et des autres, lui causant à elle-même de sérieux problèmes d'attachements.  Alors que son père s'apprête à devenir de nouveau papa, elle-même emménage en ville.

Mon avis:
Une tranche de vie plus qu'une histoire proprement dite.  On pénètre dans la vie de Laura, de son père, de sa mère et d'une poignée d'amis.  Des histoires d'amour, d'arrivée à l'âge adulte, d'art, mais aussi de découverte de soi.  Avec comme thème, le détachement.  Celui de son père est manifeste, visible.  Il est détaché de lui-même comme des autres. même de son enfant, même de son futur enfant.  Dur de définir une telle personnalité.  Il n'est pas méchant, mais il n'est pas capable de tracer ce petit fil entre les êtres humains.  Il ne s'y sent pas à l'aise.  Il est dans sa tête, seul endroit où il ne se sent pas vite dépassé.  Autrement, il se sent incapable, incompétent.  C'est dur.  Sa fille en souffre, bien évidemment.  Et cela se répercute sur toutes ses interactions avec les autres, même avec ce gentil disquaire qu'elle trouve quand même mignon...  Entre ses tentatives musicales, ses cours, ses amis, son euh, peut-être petit ami, sa vie est bien remplie, mais complexe, parce qu'elle a elle aussi du mal à tisser le petit lien.  Le dessin sent à la fois le griffonné sur le coin de la table et le lent travail de création.  Chaque plan est bien pensé, mais le trait reste vif et léger.  Sans doute parce que les auteurs sont deux et qu'ils ont retravaillés le travail l'un de l'autre.  Peu importe, ça garde au final une fraîcheur qui sert très bien l'histoire.  Une jolie petite pièce, simple et belle comme la vie, complexe et dure comme elle aussi.

Ma note: 4.25/5

lundi 24 novembre 2014

Les rallonges à série

Salut!

L'autre jour, j'ai entendu parler que J.K. Rowling, l'auteur des Harry Potter, écrivait des petites suites à son oeuvre, sous la forme de nouvelles sur le site Pottermore, dédié à son célèbre petit sorcier.  C'est bizarre, mais je n'ai aucun intérêt pour cette suite.  Même chose pour une éventuelle suite au cinéma ou en livre.  Certaines choses valent la peine d'avoir une fin, tout simplement.

Les rallonges de série, les tome hors-série, les antépisodes (ok, préquels si vous préférez), c'est pas nécessairement mon genre.  J'en aie déjà lu.  Ça va sûrement m'arriver encore.  Le problème n'est pas dans leur existence, mais pas du tout.  Le problème est dans leur pertinence par rapport à l'univers dans lequel ils ont été conçu.  Vouloir étirer encore et encore la sauce n'est pas nécessairement une bonne idée, tout le monde le sait.  On peut ajouter à un univers avec cohérence et respect, mais cela demande un énorme doigté et une bonne connaissance de celui-ci.  Explorer les zones d'ombre de l'histoire principale, ou encore celle de personnages secondaires au passé intéressant, peut-être une bonne idée.  Mais ça a ses limites.

J.R.R. Tolkien a conçu un très vaste univers, extrêmement cohérent.  Mais il faut le savoir, il évolue sur des milliers d'années et comporte beaucoup de personnages.  La seule trilogie du Seigneur des anneaux en est l'aboutissement, mais fait parti d'un ensemble beaucoup plus vaste.  Voilà une des raisons pour lequel l'ensemble a pu remplir des dizaines de livres!  Autrement, sans ce territoire vaste et cette durée dans le temps, même un auteur aussi débordant d'imagination aurait pu finir par tourner en rond.

Une série et bien, ça doit avoir une fin, tout simplement.  Même si ça veut dire faire un deuil de personnages et d'univers que l'on a adoré.  Chaque monde a ses limites et un seul auteur ne peut faire vivre tout ça pendant des années.  Il y a les limites de ses personnages, de son imagination, mais aussi purement et simplement de l'évolution normale des choses: on commence une série, on l'adore, on trippe.  Mais soit nous, soit l'intrigue de la série, prend une autre direction et la réaction chimique qui faisait des bulles diminue.  Ce n'est pas l'oeuvre qui est moins bonne en elle-même (quoique ça arrive souvent), mais la conjoncture qui n'est plus là.  À quoi ça sert de vouloir la prolonger indéfiniment alors?

C'est sûr que les rallonges à série sont une excellente source de revenus pour les auteurs et les éditeurs.  Les fans vont quand même se précipiter pour acheter le dernier tome.  Mais même eux peuvent finir par se lasser, surtout quand on leur dit, c'est fini! avant de ressortir un autre tome deux ans plus tard.  À la longue, c'est plus une mauvaise blague.  Alors, à moins d'avoir vraiment quelque chose de très pertinent à dire, autant laisser un univers vivre sa vie de livres sans vouloir rajouter des tonnes de suite.  L'oeuvre originale est souvent la plus forte, autant de pas la gâcher avec des suites qui ne sont pas à sa hauteur.

@+ Mariane

vendredi 21 novembre 2014

Eux de Patrick Isabelle

Eux  Patrick Isabelle  Collection jeunesse Leméac  107 pages



Résumé:
Lui, c'est une jeune qui aborde le secondaire.  Il parle en je tout au long de son histoire.  Eux, ce sont ceux qui vont l'intimider, le harceler, le brimer, ceux qui vont le pousser dans une voie sans issue.  Il nous raconte sa solitude, la solitude qui permet les premières brimades, celle-ci devenant plus faciles au fur et à mesure que la solitude s'accroît, formant un cercle vicieux qui devient de plus en plus dur.  Impuissance de l'école, impuissance des parents, absence d'amis, de personne à qui parler, de personne sur qui décharger un peu de ce poids qu'il porte et à chaque fois qu'il essaie de se défendre, eux, qui fondent sur lui, profitant de la moindre de ses faiblesses.  Jusqu'à l'explosion.

Mon avis:
Petit roman qui se lit d'une traite et qui ne peut pas laisser indifférent.  Parce qu'il montre avec une efficacité meurtrière le cercle vicieux et la puissance de l'intimidation.  L'isolement, les brimades, l'absence d'aide, de personne à qui parler.  Le narrateur réagira de façon spectaculaire, mais sa réaction n'est pas nécessairement celle d'un détraqué: c'est l'accumulation qui l'a poussé à l'acte, pas une personnalité dérangée.  S'il faut lire un livre pour décrire les ravages de l'intimidation, c'est bien celui-ci.  On n'en sort pas indemne.  J'avais le coeur qui me battait la chamade depuis la moitié du livre.  Ce qui m'a surtout chamboulée, c'est que la victime s'enferme dans le silence: il a parlé et rien n'a changé, alors pourquoi recommencer?  Pourquoi faire confiance quand on se sent trahi?  Pourquoi, si l'on se défend, on nous tape sur les doigts parce que la réaction est trop intense, dénoncerions-nous?  L'intimidation est une tare d'autant plus qu'elle est insidieuse et pas toujours visible.  Les petits jeux de pouvoirs psychologiques dont elle est fait sont magnifiquement bien décrit dans le livre.  Un livre dur, un livre nécessaire, un livre pour faire comprendre, mais pas un livre qui cherche à faire comprendre.  Il n'y a rien de didactique dans ce livre.  C'est le parfait exemple de ce que peut faire la littérature, mieux que personne d'autres: nous montrer de l'intérieur ce qui se passe dans la tête d'une personne victime d'intimidation.  Pas du tout surprise que ce livre aie gagné le Prix des libraires jeunesse 2014.

Ma note: 5/5

mardi 18 novembre 2014

Hiver nucléaire de Cab

Hiver nucléaire  Cab  Collection Anticyclone  Front froid  92 pages



Résumé:
Montréal, un peu dans l'avenir, après un accident nucléaire qui a plongé le Québec dans un hiver perpétuel.  Flavie est courrier à motoneige dans Montréal, transformée en immense dépôt à neige.  Elle remplace une amie qui veut faire la fête sur une livraison particulièrement longue: aux limites du Montréal habité, dans le Mile-End.  Sauf que dans cet hiver perpétuel, la tempête et les effets des radiations sont à prendre en compte!

Mon avis:
Un hiver nucléaire sur Montréal?  Fallait y penser!  C'est surfer sur l'éternel chialage des Québécois sur notre hiver.  Les débuts de la BD, avec le déneigeur municipal se plaignant des chutes de neige donne le ton.  Ça rappelle rien à personne ça?  Les effets des radiations sont aussi très drôle.  On passe de ratons laveurs à ratons polaires (et n'aller pas vous y frotter!), les chats deviennent polaires et nordiques (et à multiples yeux!) sans compter le reste de l'humanité, soudainement devenus... bizarre.  Le fait de se promener dans les rues montréalaises enfouies sous d'épaisses couches de neige, montrant les commerces adaptés à un hiver continu.  Les gens y chialent toujours comme l'hiver...  Cette fois, ils ont bien raison!  Les effets connexes de cet hiver nucléaire avec les giga-flocons étaient une très bonne trouvaille, bien intégrée dans le récit.  J'ai trouvé qu'il y avait quelques trous dans le scénario, je me suis posée des questions sur certains événements et leur pertinence, mais dans l'ensemble, c'est bien.  En tout cas, l'idée de base était excellente.  Le dessin avait des traits de parentés avec les vieux dessins animés des années 80 et aussi un peu des mangas avec les grands yeux et les cheveux, mais tout en ayant une personnalité propre et bien découpé.  Les arrières-plans étaient également bien travaillé, avec juste assez de précision dans les dessins pour savoir où l'on était et mais sans trop de détails pour écraser les avant-plans.  J'ai beaucoup aimé qu'à la fin, il y ait des esquisses des différents personnages à différentes étapes de création.  J'ai beaucoup aimé les chats polaires entre autre, même si je ne me risquerais pas à aller les caresser...

Ma note: 4/5

lundi 17 novembre 2014

La méconnaissance et ses conséquences

Salut!

Souvent, quand j'entends parler des journalistes, des économistes ou peu importe qui s'exprimant sur le milieu du livre, mais n'ayant pas de liens directs avec lui, je constate une chose: ils ne savent pas toujours de quoi ils parlent.  J'entends des inexactitudes à me faire écarquiller des yeux, des lieux communs sur le commerce de détails qui me sidèrent parce qu'ils ne s'appliquent pas au livre et une foule de petits détails qui me permettent de voir que les gens sensés nous informer parlent au travers de leur chapeau.  Ça doit être ainsi pour toutes les personnes connaissant de l'intérieur un domaine précis: quand on voit des néophytes en parler, les erreurs nous sautent aux yeux.

Ce qui me fait mal avec tout ça, c'est que le grand public, lui, croit ce qu'on lui raconte.  Il ne connaît pas les rouages, ne les comprend pas, ne voit pas les impacts.  Il prend ce qu'on lui raconte, tout simplement.  Et malheureusement, ce ne sont que des fragments d'une réalité beaucoup plus complexes.  Souvent, on lui dit que le milieu du livre va mal.  De magnifiques années sont derrières nous certes, mais encore faut-il dire que quand on parle que ça va mal dans le milieu du livre, on parle de la distribution bien plus que du littéraire.  La créativité du milieu du livre?  Elle n'est absolument pas en danger!  Il n'y a jamais eu autant de livres et de bons livres.  Des éditeurs créatifs, des textes magnifiques, des albums audacieux, il y en a plein.  C'est pas là qu'il est le problème.

Quand on parle des difficultés du monde du livre, on parle de difficultés au niveau économique, pas de créativité ou d'innovation.  Le problème du livre, c'est le modèle économique, pas le fait de produire ou non de bons livres (bon ça, ça peut toujours être sujet à discussion pour certaines personnes, mais ce n'est pas mon sujet).  Alors quand on parle que ça va mal dans le milieu du livre, ce n'est pas que les auteurs n'écrivent plus, ou qu'il ne se fait plus rien de bon, bien au contraire.  C'est que les livres ne se vendent plus autant et aussi bien qu'il y a quelques années.  Et qui dit baissent des ventes, dit baisse des revenus.  Pour tout le monde!  Et baisse de revenus veut dire baisse des capacités à continuer à faire un aussi bon boulot.

Quand on vous dit, ça va mal quelque part, à répétition, vous vous en détournez.  Vous vous dites, mais alors, ça descend, donc, c'est fini non?  Surtout quand ça fait des années.  Et ça fait des années que l'on parle que le milieu du livre va mal.  Le problème étant que dans les faits, l'aspect commercial et financier va plus ou moins bien, mais le reste est fait de succès!  Il y a de vraies belles histoires dans le milieu du livre, mais on en parle pas assez et ça reste dans un certain circuit, plus ou moins fermé.  Les plus grandes réussites ne sont pas celles dont on parle dans les journaux, ce sont des échecs, des faillites, des mauvaises nouvelles.  Rien pour montrer le côté positif de la médaille et donner un élan.  C'est même dur pour le moral, bien souvent.    

Alors, quoi?  Personnellement, je me dis que Monsieur-Madama-Tout-le-monde n'a pas nécessairement besoin de connaître tout le système de distribution du livre, mais il faudrait au moins faire le ménage dans quelques trucs.  Oui, la concurrence des Wal-Mart et autre fait mal.  Oui, le livre numérique se développe et vient chercher des parts de marché.  Oui, le réseau traditionnel risque de connaître des années encore difficile.  Par contre, ce qui est certain, c'est que les livres produits ici, le talent et la créativité, la qualité aussi est au rendez-vous.  L'industrie du livre, ce ne sont pas que des chiffres, ce sont aussi des succès.  Et il serait largement temps de parler davantage de ce qui est positif plutôt que de ce qui est négatif.  Parce qu'on dirait que pour le grand public, si on continue à tenir le même discours, le milieu du livre au complet est perdu alors que c'est loin d'être le cas.

@+ Mariane

vendredi 14 novembre 2014

Ru de Kim Thuy

Ru  Kim Thuy  Alexandre Stanké  168 minutes



Résumé:
La vie d'une enfant vietnamienne, depuis son enfance dans une famille aisée, à la fin de la guerre civile, à l'arrivée dans une contrée étrangère et aux questionnements de l'immigrante face à son identité.

Mon avis:
J'ai lu le livre de Kim Thùy en audio, lu par l'auteure elle-même.  Je crois que beaucoup de mes commentaires vont autant porter sur le livre que le Cd lui-même!  L'écriture de Kim Thùy est je l'avoue très surprenante, comme détachée d'elle-même et des événements.  Elle peut raconter l'éclat d'un souvenir d'enfance et une agression sexuelle sur le même ton.  Tout y passe, tout est égal, la beauté comme l'horreur, la dureté comme la solidarité.  C'est sa vie qu'elle raconte dans ce livre, sa vie de petite fille dans le Vietnam de l'après-guerre civile où la paix n'était qu'un couvercle mis sur la poursuite d'une autre guerre plus larvée.  Le départ avec les boat-people, la dureté de la vie dans les camps de réfugiés.  l'arrivée au Québec, pays de neige et de froid.  L'intégration, mais aussi le retour au pays, des années plus tard et la réflexion sur la distance prise avec l'immigration sur sa propre culture.  Ce n'est pas un roman à proprement parler, plutôt une série de souvenirs racontés avec précision et une espèce de détachement qui finit par être un style littéraire en lui-même.  Elle sait en tout cas admirablement rendre la force des émotions et des événements... chez les autres, mais pas en elle-même.  Le Cd audio m'a fait un peu grincer des dents.  Premièrement, entre chaque «chapitre», il y avait un temps mort sonore d'environ 30 secondes (je le sais, j'ai vérifié à chaque fois!) qui me faisait hésité sur le bon fonctionnement de mon lecteur CD ou du CD lui-même.  La pause était trop longue, on décrochait à chaque fois.  Le ton pris par l'auteure pour lire son propre texte était d'une grande justesse, simple, sans fioriture, elle lisait simplement, sans mettre beaucoup d'émotions, mais justement le texte n'appelait pas à ce genre, donc, cela tombait très juste.  Par contre, il y avait un côté hachuré, comme si le texte avait été enregistré par courte séquence et joint ensemble ensuite (ce que laisse penser les coupures dans le son en arrière-plan).  Moins bon.  De même, elle reprenait certaines phrases où elle avait eu une petite hésitation, mais on laissait les deux phrases sur le disque (!!!).  Je n'avais jamais vu ça!  Je pensais que c'était dans le texte, mais à la longue, je me suis aperçue que non.  Bizarre.  Un livre excellent, mais pas un livre audio à la hauteur du livre,

Ma note: 3.75/5

jeudi 13 novembre 2014

L'eau et les livres

Salut!

S'il y a bien une chose que je ne comprendrais jamais, ce sont les gens qui lisent dans leur bain.  Ok, j'admets, de l'extérieur, ça peut avoir l'air invitant: se prélasser dans l'eau chaude, relax, la tête dans le livre et le corps en train de décompresser.  Le grand risque cependant, se résume en un mot: splouch!!!

J'ai la HANTISE des livres mouillés!  Ok, je l'avoue, j'ai déjà (par inadvertance) échappé un livre dans un seau d'eau et n'aie retrouvé là qu'après 24 heures.  Un livre de la bibliothèque en plus et un intégral, genre de livre qui coûte la peau des fesses...  Je l'avais littéralement passé au fer à repasser en espérant enlever toute l'humidité qu'il y avait dedans.  Peine perdue, j'ai dû le payer...  Bouhouhou!!!  Il était littéralement boursouflé, déformé, sa reliure gonflée.  On pouvait encore le lire, mais bordel qu'il était laid!  Détruit par l'eau ce livre.  Le pire, c'est que comme je l'avais payé, la bibliothèque me l'a laissé.  J'ai fini par le donner (parce que j'aimais l'histoire) à quelqu'un en m'excusant affreusement de l'était du livre.  Bon, j'ai fait une heureuse au moins!

L'eau est le pire ennemi des livres.  Papier seulement vous vous dites!  Ahahah!  (Rire maléfique!)  Pas seulement!  Vous voudriez échapper votre IPad ou votre liseuse dans l'eau vous?  Non, évidemment.  Ce serait aussi pire que si un tuyau d'eau brisait chez le voisin au-dessus.  Une bibliothèque gâchée.  D'un seul coup.  De quoi pleurer!  (Ah non, ça ajouterait de l'eau!)

Même si l'eau ne détrempe pas les livres, elle déforme les pages, fait gondoler les couverture et ruine les reliure.  Que ce soit parce que votre bouteille d'eau se renverse dessus ou que vous faites une brève ballade sous la pluie, l'eau laisse sa marque.  En ce sens, l'eau est sans doute le plus grand ennemi des livres, enfin, si on tient à les garder plus ou moins intact.  Son principal concurrent est appelé sac à main bien souvent...

C'est facile à oublier, mais un livre, c'est fait de papier et le papier, ça absorbe l'eau.  De plus, comme le livre est complet, imprimé et relié, on ne pourra pas le faire revenir à sa forme originale.  Ce n'est pas comme en usine, où la pâte de bois (ou de papier recyclé) est travaillé pour obtenir de grandes pages sans aucun gondolement.  Les moyens y sont, pas dans la panique à la maison pour votre livre détrempé (en passant, le fer à repasser, ça marche pas...)

Alors, lire dans mon bain?  Non.  Je préfère enroulée dans une couverture.  Le bain, on garde ça pour la détente.  Et de toutes façons, comme je n'ai qu'un bain-douche, il me faut faire de l'origami avec mon propre corps pour rentrer dedans au complet, c'est pas aussi confortable que ça pourrait paraître...

@+ Mariane

mercredi 12 novembre 2014

La rage de vivre d'Emmanuel Lauzon

La rage de vivre  Emmanuel Lauzon  Collection Tabou  Édition De Mortagne  239 pages


Résumé:
À l'âge de huit ans, Vincent a été diagnostiqué avec un Trouble de Déficit d'attention avec Hyperactivité (TDAH).  Malgré les difficultés, il a réussi à traverser son primaire sans redoubler.  Les choses se compliquent avec l'arrivée au secondaire.  Les amis, les relations avec les autres, et cette foutue impulsivité qui fait franchir de ses lèvres des mots qu'il n'aurait pas dû dire...  Les échecs répétés, les déceptions causées à ses parents font monter en lui une rage, une rage qui lui apprendra beaucoup de choses: parce que Vincent a la rage de vivre.

Résumé:
Un bon roman, mais un peu trop je-vais-vous-montrer-comment-ça-se-passe-dans-la-tête-d'un-ado-TDAH à mon goût.  Le roman était un peu trop didactique, la suite des événements trop linéaires et on sentait que certaines personnes arrivaient sur son chemin, en positif ou en négatif, pour permettre à l'auteur d'expliquer un point relié à cette maladie.  Par contre, cela permettait à l'auteur d'entrer dans la tête de son personnage principal, pour expliquer de l'intérieur comment ça se passe.  Et aussi de montrer que la part de la personnalité et de la maladie dans les réactions des jeunes.  Vincent, le personnage principal affronte beaucoup de situations très difficiles et il y réagit normalement, pas en héros de bande dessinée.  Il lui faudra du temps, du support de ses parents, la découverte de vrais amis, l'appui de travailleurs sociaux et surtout, d'apprendre de la vie elle-même avant de réussir.  J'ai trouvé à un moment donné qu'il était peut-être un peu trop obsédé par les femmes (mais bon, je suis une fille...  Les gars sont-ils vraiment comme ça à l'adolescence???).  La découverte de la danse et de la musique underground et toutes ces expériences illicites à son âge, mais qui lui permettront de grandir était bien décrite.  Ce livre est tout autant le récit d'un adolescent TDAH que d'un adolescent qui passe à travers de grandes difficultés et s'en sort.  Il permet de rappeler également, qu'avant d'être une maladie, ces adolescents sont avant tout des personnes, qui l'ont plus dur, mais des personnes quand même.

Ma note: 3.75/5

mardi 11 novembre 2014

Les niveaux de lecture

Salut!

Je me rappelle, il y a quelques années, avoir lu dans un livre un passage où les mots et les images évoquées pouvaient avoir deux signification très différente.  Il s'agit du Livres des choses perdues de John Connolly, un roman que j'avais adoré.  L'enfant qui lisait ce livre (techniquement, le livre était destiné autant aux enfants qu'aux adultes) y voyait une scène où un enfant était dans une sale situation, mais sans comprendre ce qui se passait.  Un adulte lisant le livre y comprenait que l'auteur y parlait d'une agression sexuelle.  Les mots, la manière de les exprimer, tout avait été soigneusement choisi pour produire cette dualité: Même texte, deux niveaux de lecture complètement différents.

Certains textes pouvant être lus autant par les adultes que par les enfants ont souvent ce principe caché, comme des poupées russes.  On cache une idée du texte dans un passage dont le sens peut être interprété différemment selon que l'on connaisse ou non la situation auquel on fait allusion.  Les enfants ont moins de connaissances générales sur le monde dans lequel il évolue, il va rater des des références, des allusions, des messages.  L'adulte, lui, les verra.  L'enfant lit le texte qu'il a sous les yeux, sans comprendre les enjeux plus généraux qui l'entourent.

Cela peut valoir pour de petites choses, comme le passage du Livre des choses perdues ou d'ensemble beaucoup plus vaste.  La série À la croisée des mondes de Philip Pullman est, si on y est attentif, une critique virulente de la religion et de ses institutions.  Pourtant, un enfant qui lit la trilogie ne comprendra pas nécessairement la critique, emporté par l'histoire de Lyra et Will.  C'est quand l'on regarde les thèmes, la façon dont l'histoire est traitée, les allusions (royaume des cieux, le fruit rouge, les anges) que l'on comprend tout.  À la base, on a une excellente histoire, c'est certain, mais la critique portée par l'intrigue va beaucoup plus loin.  Cependant, un enfant n'a pas les connaissances et la compréhension nécessaire pour voir la critique.  Même moi, qui était adulte au moment de la lecture, je n'ai pas vu passer tous les éléments, sauf les plus évident.  C'est en la faisant trotter dans ma tête par la suite que j'ai vu toutes les allusions.

La même chose m'est arrivée avec les Chroniques de Narnia.  C.S. Lewis, au contraire de Pullman, était un croyant convaincu.  Cela se ressent à la lecture de ses célèbres Chroniques.  Aslan, figure christique s'il en est une, représente bien la vision du monde de l'auteur.  D'ailleurs, les Chroniques ne sont qu'une petite partie de son oeuvre comparé aux livres qu'il a écrit sur la religion chrétienne et qui font qu'il est encore très connu et reconnu dans certains cercles.

Les deux séries peuvent se lire de façon totalement indépendante aux idées de leurs auteurs.  D'ailleurs, je les aies d'abord et avant tout aimée pour leurs qualités littéraires!  Les thèses défendues par leurs auteurs face à la religion sont une forme de sous-texte.  Cela parcours l'histoire, la transporte, la fait vivre, la transforme, mais on a pas nécessairement besoin d'être conscient de cette réalité pour suivre l'histoire.  Ainsi, on trouve deux niveaux de lecture complètement différents dans le même livre.  Et cela pourrait aller plus loin encore, les niveaux de lecture étant comme les poupées russes: ils s'emboîtent les uns dans les autres.

Il n'est cependant souvent pas nécessaire de comprendre tous les niveaux de lecture d'une oeuvre pour l'apprécier à la sa juste valeur.  J'ai ici parlé d'oeuvres destinées à la jeunesse, mais cela peut être la même chose avec des oeuvres pour adultes.  Et la relecture de certaines oeuvres peut aussi permettre de comprendre certains passages parce qu'entre temps, on a appris de nouvelles choses qui nous permettent de comprendre davantage l'intrigue.

@+ Mariane

lundi 10 novembre 2014

Des bonbons et des méchants de Robert Soulières

Des bonbons et des méchants  Robert Soulières  Collection Ma petite vache a mal aux pattes  Soulières éditeur  37 pages


Résumé:
Robert a une idée géniale pour l'Halloween: avec ses copains Pierre et Luc, ils vont faire une immense razzia de bonbons... en détroussant les petits de troisième année des leurs!  Bien mal acquis ne profite jamais dit pourtant souvent sa mère.  Il va avoir une occasion en or de vérifier le proverbe.

Mon avis:
Un petit roman d'Halloween très court, pour les jeunes lecteurs qui abordent un «vrai» livre pour la première fois.  Une histoire toute simple: celle de trois gamins qui volent, mais qui est pris qui croyaient prendre!  On croise dans cette histoire des pirates, des voleurs, beaucoup de friandises et des policiers somme toute très futés (et qui aiment les bonbons!)!  L'histoire est simple, mais pas simpliste, c'est qui est la marque d'un très bon auteur jeunesse.  Robert Soulières étant l'une de nos grandes pointures dans le domaine, on sent l'expérience dans ce petit opus.  À mettre dans toutes les petites mains pour leur rappeler que les bonbons, ils sont toujours meilleurs quand on les a mérité!

Ma note: 4.5/5

vendredi 7 novembre 2014

La trace de l'escargot de Benoît Bouthillette

La trace de l'escargot  Benoît Bouthillette  JCL



Résumé:
Benjamin Sioui est inspecteur à la Police de Montréal.  On l'appelle sur un cas de meurtre, soigneusement mis en scène: une reproduction d'un tableau de l'artiste Francis Bacon.  Troisième meurtre ainsi signé depuis six ans, une défaite personnelle pour l'Inspecteur.  Sauf que cette fois-ci, n'est pas comme les autres.  Alors même que l'enquête est en cours, l'affaire dérape et des détails s'échappent, laissant présager un tueur malade, mais méticuleux.  Ce roman est aussi une plongée dans le Montréal de nuit, marginal, en même temps que les arts émergents et la scène underground, le tout entièrement vu depuis la tête de l'Inspecteur Sioui, un amérindien vivant en ville, peintre à ses heures, cocaïnomane et surtout, artiste dans l'âme.

Mon avis:
Imaginez un roman complet où l'on vous promène dans l'esprit de quelqu'un, avec toutes les petites pensées surgies dans l'instant, les jugements, les réparties mentales que l'on envoie, les réflexions.  Et bien, ce roman est exactement ça, c'est une longue promenade dans les pensée de l'Inspecteur Benjamin Sioui.  C'est parfois difficile à suivre, parce que l'on suit très exactement sa pensée et elle est changeante.  En plus, on a affaire à une enquête criminelle où l'on essaie de trouver le coupable et bon, comme la majorité des dialogues de font à l'intérieur de ce long monologue intérieur, c'est parfois mêlant de faire la part des choses entre ce qui lui est intérieur et ce qui se passe en-dehors.  Sauf lorsqu'il s'agit de Laetitia.  L'incarnation de LA femme à ses yeux.  On comprend les sentiments du personnage, mais quelque part, ça me tapait un peu sur les nerfs à la longue, cette interminable litanie d'éloges.  L'aime-t-il elle, ou aime-t-il l'effet d'être amoureux d'elle?  Question que je laisse à l'auteur.  La traque étant entièrement représentée à travers son esprit, j'avais du mal à replacer certains éléments en cours d'enquête.  Le rythme d'ailleurs est représentatif du titre: escargot.  Non, ce n'est pas un page turner, mais c'est une belle exploration dans la pensée de quelqu'un.  Un roman policier différent.  Il faut aimer, ce n'est pas nécessairement facile à aborder.  Personnellement, j'ai plus ou moins aimé, sauf le côté accès sur l'art qui était vraiment intéressant.

M anote: 3.25/5

jeudi 6 novembre 2014

L'histoire au lieu de l'Histoire

Salut!

Souvent, quand on lit un roman historique, l'auteur donne une petite twist aux événements.  Juste un peu.  Pas beaucoup la plupart du temps, mais...  Rendre un personnage plus fort, lui faire faire une petite gaffe, changer un peu son caractère ou l'interprétation de ses actes, ajouter une justification qui est loin d'être ...  Pas grand chose, mais...  Des fois, c'est suffisant entre un personnage historique plate à mort et du panache.  C'est rendre une histoire autrement triste heureuse.  C'est une tonne de petits détails, qui ne rendent absolument pas justice à la vérité, mais!  Bon, des fois, on aimerait mieux que ce soit cette vérité-là qui soit la bonne.  On aimerait mieux l'histoire à l'Histoire.

Je suis la première à déblatérer contre les écrivains qui prennent trop de distances avec la vérité.  Si, si!  Si vous ne me croyez pas, demandez à certaines personnes les commentaires que j'ai fait en regardant 10 000 ans BC.  J'ai hurlé pendant la moitié du film contre les absurdités du scénario...  faisant se tordre de rire mes amis.  Ouais, j'avoue, trop transformer l'Histoire me fait grincer des dents.

Mais des fois...  Ok, je sais que ce n'est pas tout à fait exact.  Je peux même en redire beaucoup.  Mais c'est si bien fait.  Cela est tellement cohérent dans le reste de l'intrigue, ça s'insère bien dans le contexte de l'époque, tout cadre, tout fonctionne, alors, oui, je peux, tout en sachant que ce n'est pas la vérité, que cela s'écarte de ce que je tolère normalement, oublier tout ça et me laisser seulement emporter par l'histoire sans penser à l'Histoire.  La soeur de Mozart en était un bon exemple.  Je savais, pour avoir lu plusieurs résumés de sa vie que la version offerte par Rita Charbonnier, sans être bonbon, offrait une bien plus belle fin que la vraie vie à Nannerl.  Mais elle était si belle cette fin, une femme qui au travers des contraintes liée à son sexe réussissait à se trouver et à trouver une forme de bonheur, pas celui rose bonbon d'Hollywood, mais le sien.  C'était beau, tout simplement, une réussite autant littéraire que de reconstruction historique, même si ça ne respectait pas parfaitement les faits.

Je crois, non, je sais, que tout bon roman historique trahit en partie la vérité.  Parce que la vie n'est jamais écrite comme dans un roman.  Même si le livre permet de s'allonger un peu plus qu'un film, il reste que des scènes très romanesques peuvent très bien ne jamais avoir eu lieu ou d'autres sont répartis dans le temps.  À certains moments, on pourrait même penser que la réalité est plus invraisemblable que la fiction.  Parce qu'elle est mieux présentée, selon des schémas plus connus, plus sécurisants.  Mais la réalité, surtout lorsque l'on parle de l'Histoire, c'est qu'elle a ses lois propres et se fout de celle de l'écriture narrative.  D'ailleurs, le travail des historiens a bien peu à voir avec celui des romanciers en tant que tel.  Leur boulot est de trouver les faits et de les interpréter, pas de refaire revivre devant nous une personne morte depuis parfois des décennies, ou même qui n'a jamais vraiment existé, mais qui nous paraît si réelle.

Le roman a un pouvoir d'évocation énorme et parfois, on se dit que l'on aimerait mieux que ce soit cette version qui soit la bonne plutôt que celle des manuels d'histoire.  Ce n'est souvent pas le cas, mais bon, parfois, peut-on dans sa tête, préférer l'histoire à l'Histoire?

@+ Mariane

mercredi 5 novembre 2014

Dédé de Raymond Paquin

Dédé  Raymond Paquin  Quitte ou double



Résumé:
Raymond Paquin a été le gérant des Colocs durant la majeure partie de l'épopée de ce groupe mythique.  Ce livre, c'est un portrait de l'homme qu'il a connu, soutenu, enduré, fait sué.  Un gars que l'aura du suicide marque, mais aussi celui d'un p'tit gars du Lac St-Jean qui a su faire vibrer le coeur de bien des Québécois avant d'aller vivre sa vie d'oiseau.

Mon avis:
Je ne suis pas impartiale face à Dédé Fortin et je n'ai aucune honte à le dire: les Colocs, c'est la trame sonore de mon adolescence.  J'ai trippé sur Julie, La rue principale, Tassez-vous de d'là et les autres.  J'ai trippé sur le film réalisé en 2009.  J'ai su le jour même pour son suicide, en secondaire V, en pleine heure du midi, à la cafétéria.  Quelque part, il est parti avec un petit morceau de cette innocence qui est le coeur de l'adolescence.  Je me souviens du passage de Dédé et Mike Sawatsky au show pour les sinistrés du Saguenay en 1996, où ils avaient brassé la cage en chantant Passe-moé la puck, une tache au milieu des balades sur la solidarité qui ponctuaient le spectacle.  Mais une tâche qui sonnait juste.  Il ne sert à rien de se lamenter, il faut agir.  Dédé, c'était ça, une énergie qui faisait tache, qui englobait, qui prenait tout et donnait tout à la fois.  Le portrait qu'en trace Raymond Paquin n'en est que plus juste, parce qu'il montre justement ce Dédé, obsessif, anxieux, peureux, généreux, excessif en tout.  Il ne cache pas les difficultés qu'il y avait à vivre et à traiter avec un tel être jusqu'au-boutiste.  Ce n'est pas une biographie au sens premier du terme, c'est bien davantage un portrait, un hommage à une personne disparue.  Y aurait-il autant eu de raisons de faire un tel portrait si le 8 mai 2000, André Fortin ne s'était pas donné la mort?  Sans doute non et toute la biographie est entaché du regret que vive toutes les personnes qui ont connu un suicidé: celui de ne pas avoir su voir, celui de ne pas avoir su agir.  L'écriture est simple, essentiellement descriptive, mais réussi très bien à rendre la personnalité complexe et éclatée de Dédé Fortin et aussi à rendre l'ambiance un peu folle qui a entourée le destin des Colocs.  C'est un livre hommage je le répète et donc forcément partial, mais en même temps, honnête dans la vision que son gérant avait de la personne qu'était Dédé Fortin.  J'ai beaucoup aimé qu'il parsème son texte d'extrait de la musique des Colocs, de poèmes de Mishima, bref de l'univers dans lequel baignait Dédé.  Des mots qui sonnent bien souvent prophétique quand on sait lire entre les lignes, mais qui comme le dit si bien l'auteur n'est pas été suffisant pour tirer la sonnette d'alarme.

Ma note: 4.5/5