mardi 26 novembre 2013

Eichmann à Jérusalem de Hannah Arendt

Eichmann à Jérusalem  Hannah Arendt  Folio Histoire  Gallimard  513 pages



Résumé:
Hannah Arendt, professeur de théorie politique d'origine allemande, mais installée aux États-Unis depuis de nombreuses années, est chargée de réaliser une série de reportages sur le procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem.  Loin de la forme classique du reportage sur un procès criminel, Hannah Arendt préfère utiliser le procès pour analyser les causes qui ont mené un homme ordinaire à commettre des actes ignobles et créer ainsi sa conception de la banalité du mal.

Mon avis:
Ouf!  J'ai hésité avant de me décider à critiquer ce livre.  Après tout, c'est pratiquement un monument à lui seul.  Néanmoins, j'en aie trop à dire!  Alors, voyons...  La première surprise, c'est la facilité avec lequel se lit ce livre.  La prose d'Hannah Arendt est facile à suivre.  (Enfin, si l'on excepte les trop nombreuses et trop longues parenthèses qui ponctuent le texte).  Certes, les concepts qu'elle y expose sont le fruit d'une longue réflexion, mais ils sont bien vulgarisés et nourris d'exemples concrets.  Le texte a été pensé pour le grand public et ça se sent.  Même si les sujet qu'abordent l'auteure sont précis et relativement denses, cela reste accessible.  Le sujet principal est bien évidemment le procès instruit contre Adolf Eichmann, grand responsable de la déportation des juifs de toute l'Europe vers les camps de la mort.  Sauf qu'Hannah Arendt va au-delà.  Au-delà des faits, au-delà du très compréhensible sentiment de vengeance, au-delà des apparences brutales.  Le livre nous dévoile une analyse très fine de la psychologie d'Eichmann, coupable avant tout selon l'auteure d'avoir renoncé à penser par lui-même.  D'avoir cessé de faire l'effort de se demander si ses actions étaient bonnes ou mauvaises.  Il s'est contenté de faire ce qu'on lui demandait de faire, sans penser aux conséquences de ses actes.  En cela, l'auteure se détourne du discours populaire vengeur qui circulait sur Eichmann, le présentant comme un monstre sanguinaire.  Elle le présente plutôt comme un fonctionnaire tatillon et préoccupé par son avancement, un pion en somme.  Un homme qui a suivi les ordres sans discuter et ainsi, commis l'irréparable.  Pour cela, elle multiplie les exemples, reprenant l'ensemble du procès, fouillant dans les témoignages et dans les ouvrages sur l'Holocauste publiés à l'époque (elle cite entre autre à plusieurs reprises La destruction des Juifs d'Europe de Raul Hilberg).  Son «erreur» si l'on peut parler ainsi, est d'ailleurs d'avoir tout mêlé, tout mis sur un même pied d'égalité.  L'ouvrage a causé un scandale à sa publication, parce qu'elle y parle ouvertement de la collaboration des élites juives dans le processus menant aux camps de la mort.  À la lecture, cette réaction se comprend: elle parle sans ménagement d'un sujet qui, même vingt ans après devait rester très sensible pour les gens qui l'ont vécu.  Se faire dire que les gens en qui on avait confiance nous ont envoyé à la mort a dû être terrible.  Surtout que l'angle adopté par l'auteur était celui de l'analyse des faits et qu'elle ne faisait donc pas porter tout le poids de la faute sur Eichmann.  Au contraire, elle refuse de le condamner sans le comprendre et surtout, pour les mauvaises raisons.  Pour elle, il est coupable certes, mais pas nécessairement des crimes qu'on lui reproche.  Son analyse des accusations et de l'angle juridique est sur ce point extrêmement instructive (quoique très technique).  Pays par pays, l'auteure reprend le déroulement des événements et le rôle qu'y a joué Eichmann.  Elle regarde les faits, les mets en lien avec la situation générale en Allemagne, avec l'idéologie et la propagande ambiante, mais également aussi les motivations personnelles d'Eichmann de bien se faire voir par ses supérieurs.  Elle démontre que loin d'être monolithique, l'Holocauste a été appliqué de façon très différente selon les pays et que le traitement de tous les juifs n'a lui-même pas été égal.  De plus, elle montre que l'Holocauste a été une question lourde au sens juridique du terme.  Que la nationalité a protégé de nombreuses vies que le fait d'être apatrides en a facilement condamné d'autres.  Une analyse brillante, sortant des sentiers battus, qui tente de comprendre, d'expliquer, comme des êtres aussi insignifiants qu'Eichmann, un petit fonctionnaire taciturne et obtus, a pu mené à la mise à mort programmée de millions d'individus pour lesquels, au fond, il n'éprouvait aucune haine.  L'auteure démontre au contraire qu'il avait des sympathies sionistes!  Un livre nécessaire, mais un livre avant tout intellectuel.  Pour le lire, il faut accepter de sortir des conceptions transmises depuis longtemps sur l'Holocauste, de sortir de l'angle émotionnel pour s'en tenir strictement aux faits et ainsi disséquer l'essence de ce qui a mené aux chambres à gaz, à l'élimination physique de tout un groupe désigné longtemps à l'avance.  À lire pour comprendre, comme l'auteure a essayé de faire elle-même en le rédigeant.

Je ne note pas ce livre, je crois qu'aucune note ne convient pour un tel ouvrage.

lundi 25 novembre 2013

Salon du livre et pause

Bonjour à tous!

Ouf, encore un Salon du livre!  Le premier où je ne suis plus libraire et sans doute le dernier où je pourrais faire la touriste en paix.  J'en aie donc profité à fond pour faire mon blablatosaure.  J'ai vu plein de gens, des gens que j'avais hâte de voir et d'autres que je ne pensais pas croiser.  J'ai manqué beaucoup de monde et quelques séances de dédicaces à cause de trop longues conversations.  J'ai fait dépenser une amie dans des séries que j'adore (avec l'aide de quelques auteurs complices! ;) )  J'ai eu mal aux pieds, mal à la gorge parce que trop sèche à force de parler, je suis sortie de là fatiguée comme si j'étais passée à la machine à tordeur, mais comme chaque année, je ne regrette rien, parce que la fatigue est largement compensée par une énergie renouvelée pour les livres.  Je pars toujours du Salon boostée par le contact avec tant de gens passionnés et passionnant.  Va juste falloir que j'aille dormir un peu plus tôt cette semaine.

Quand à la pause du titre...  C'est tout simple!  Je commence à avoir depuis quelques semaines une impression un peu trop forte de tourner en rond dans mes billets, donc, je vais prendre une petite pause.  Je ne sais pas de combien de temps par contre, sans doute une ou deux semaines, plus si j'en aie besoin.  Je continuerai de mettre des critiques (j'ai après tout ramené plein de livres du Salon du livre!), mais je prends une pause pour les billets.

De retour quand je me serais reposée!

@+ Mariane

P.S.  Miracle, j'ai respecté mon budget livre pour le Salon du livre de Montréal.  Wow, je m'épate moi-même!

vendredi 22 novembre 2013

La tête du personnage

Salut!

Quand on lit, on doit utiliser une part importante de notre imaginaire.  Les personnages, ils vivent dans notre tête avant tout.  Selon notre bagage, cela influencera certainement ce que nous imaginons des personnages.  Leur physique particulièrement.

Ce ne sont pas tous les livres qui donnent une définition précise de l'apparence des personnages.  Je me suis compte que parfois, dans certains livres, on ne nous donnait qu'une définition très succinct des personnages principaux.  Et petit à petit, il prend forme dans notre esprit, à partir de quelques indications: couleurs des cheveux, des yeux, quelques commentaires sur l'apparence générale.  Et ensuite, notre imagination fait le reste.  Ce qui donne souvent des chocs lorsque l'on regarde les adaptations cinématographiques parce que les deux résultats sont très différents.

Chaque lecteur va voir le même personnage de façon différente.  Si vous avez eu un grand-père aux cheveux blancs très ébouriffés, il y a de fortes possibilité que si on vous parle d'un personnage aux cheveux blancs ébouriffés, sa chevelure tiendra un peu de celle de votre grand-père dans votre imaginaire.  Même chose, si vous avez vu le film avant de lire le livre, vous aurez tendance à superposer les traits de l'interprète avec le texte, même s'il y a des différences.  À moins que vous n'ayez pas aimé le personnage au cinéma.

Des gens qu'on a connu, croisé dans la rue, des images de films, de télévision, de magazines.  Tout concourt à nous permettre de nous représenter mentalement les personnages dont nous dévorons les histoires.  C'est normal, à l'intérieur de notre tête, il n'y a que nous qui puissions vraiment les voir.

@+ Mariane

jeudi 21 novembre 2013

Alex Rider: 4- Jeu de tueur d'Anthony Horowitz

Alex Rider  tome 4  Jeu de tueur  Anthony Horowitz  Le livre de poche  313 pages


Résumé:
Alex passe des vacances dans le Sud de la France avec la famille de Sabrina.  Jusqu'à ce que la maison où ils logent explose.  Fuite de gaz officiellement.  Sauf qu'Alex a vu Yassen Gregorivitch sur le pont d'un yacht l'après-midi même.  Et qu'il croit que la personne visée n'était nul autre que lui.

Mon avis:
Invraisemblable!  Je l'ai lu jusqu'au bout, mais honnêtement, c'est sans doute le dernier livre de la série que je lis.  Quand les ficelles sont aussi grosses que des câbles, c'est facile de décrocher.  Quand les coïncidences qui sauvent notre jeune héros in extremis se multiplient, à un moment donné, on se dit, trop, c'est trop!  Ok, dans un film, on y croirait.  Toutes ces poursuites invraisemblables, ces gadgets, tout ça, on y croit.  Alex, sorte de James Bond junior, est d'ailleurs très facile à comparer au célèbre agent 007.  Le problème, c'est que nous ne sommes pas dans des films, mais dans des livres.  Et que pour moi, la sauce ne prend absolument pas.  Certes, l'ingéniosité et l'inventivité de l'auteur sont remarquables.  Certes, les menaces à l'humanité sont formidables.  Sauf qu'à un moment donné, il faut se calmer...  Trop, c'est trop!  Ce qui passe au cinéma parce que le médium s'y prête ne peut pas être transféré tel quel dans un livre.  Le public visé étant les adolescents, je crois que pour une fois, je vais dire que je suis trop vieille pour lire ce genre de littérature!  La seule chose, c'est que la fin nous laisse sur un très bon point d'interrogation que l'on aimerait bien résoudre.  Réponse dans les prochains livres.  Si je les lis!

Ma note: 2.5/5

mercredi 20 novembre 2013

Remise à la trotte

Salut!

C'est aujourd'hui que s'ouvre le Salon du livre de Montréal, sans doute le plus gros événement de l'année pour la passionara de livres que je suis.  L'endroit où se rencontre le plus grand nombre d'auteurs au mètre carré, où la concentration d'idées de lectures frôle la surcharge cérébrale et dont j'use les tapis depuis maintenant plus d'une décennie.  Chaque Salon est unique.  Chaque fois, on y fait des tonnes de rencontres, on gaspille des litres de salive en conversation, on y croise des gens que l'on n'y voit qu'une seule fois par année et on trouve toujours le moyen d'y péter notre budget livre.  Malgré les PAL titanesque, l'envie de garnir nos tablettes de nouveautés est souvent la plus forte.

Le Salon du livre de Montréal est le deuxième plus grand Salon du livre après celui de Paris.  On comprend vite pourquoi en voyant la multiplicité des auteurs, illustrateurs, éditeurs et autres acteurs du monde du livre présent.  On y noue des contacts, on s'y fait des amis, on rencontre des gens qu'on avait jamais rencontré autrement que par Internet, on fait la chasse aux dédicaces et on discute bouquin.  Un oeil averti remarquera immanquablement quelques petits détails subtils: la façon dont sont disposés les éditeurs correspondent aux distributeurs et les diffuseurs n'hésitent pas à montrer leurs logos en grand.  Derrière la passion du livre, on voit poindre l'industrie qui est derrière: c'est 12 000 emplois au Québec que les livres font vivre.  Je n'ai plus jamais fréquenté le Salon du livre de la même manière après avoir été libraire d'ailleurs.  Connaissant l'envers de la médaille des piles de livres sur les présentoirs, on est plus critique, mais aussi plus compréhensif.  On comprend beaucoup plus les réactions des acteurs du milieu du livre.

Cette année, je ne pourrais pas être aussi présente que par les années passées, changement de boulot oblige.  Mais je serais quand même là, soyez-en sûr.  Je ne vais pas briser mes longues habitudes de trotteuse du Salon du livre comme ça!  J'irais encore cette année user les tapis de la Place Bonaventure, mais ne comptez pas m'y voir le samedi: y'a trop de monde...  Je peux pas monopoliser les auteurs comme je veux dans ces occasions-là! ;)

@+ Mariane

P.S. Si on se croise, n'hésitez pas à m'arrêter pour me faire un brin de causette!  Sauf si je suis en discussion avec Jean-Christophe Rufin...  Alors là, c'est INTERDIT DE ME PARLER.  Ça fait dix ans que j'attends qu'il vienne au Salon...  :)

mardi 19 novembre 2013

Le testament d'Olympe de Chantal Thomas

Le testament d'Olympe  Chantal Thomas  Points 277 pages


Résumé:
Appoline et Ursule sont soeur.  La première est sage, soumise pourrait-on dire, alors que la seconde est volontaire, emportée, désireuse de réussir.  En ce XVIIIe siècle, encore héritier de la grandeur de Louis XIV, l'ascension sociale passe par l'aristocratie et la cours.  Alors qu'Appoline entre au couvent, Ursule, rebaptisée Olympe se brûlera les ailes auprès du roi.

Mon avis:
Ce livre est divisé en deux parties.  La première est racontée par Appoline et elle raconte son enfance et celle d'Ursule ainsi que sa disparition.  La deuxième est le récit qu'Ursule laisse à sa soeur, racontant sa montée vertigineuse et sa chute.  L'écriture de Chantal Thomas est particulière, chantante je pourrais dire.  Elle a son rythme propre.   Dans certaines phrases, on sent une montée, une descente, qui donne un rythme au texte, à la lecture.  Il y a aussi cette capacité rare de montrer l'atmosphère d'une scène en quelques mots souvent un simple détail qui donne le ton à l'ensemble.  Les caractères sont définis de la même façon.  Le père, religieux, croyant fermement que Dieu pourvoira à tous ses besoins, refusant le travail avec la dernière énergie, laissant ainsi sa famille vivre dans le plus complet des dénuements.  Ursule, plus que désireuse d'échapper à cette misère, son caractère emporté, trublion.  Appoline, sage, dominée, laissant la volonté des autres dominer sa vie.  J'ai beaucoup mieux aimé la première partie, où l'on suit Appoline, plutôt que la deuxième, où Ursule, sous le nom d'Olympe, fera la conquête de Paris et plus particulièrement de Louis XV.  Elle sera l'une des femmes du harem que lui a constitué Mme de Pompadour, intrigante qui tire les ficelles contrôlant le coeur du roi.  Utilisée, Olympe mettra au monde un enfant qu'on lui arrachera avant de la jeter à la rue.  La cruauté du procédé (d'autant plus qu'on devine facilement que l'histoire est déjà arrivée des dizaines de fois) montre le sort de ces malheureuses jeunes femmes, désireuses d'améliorer leur sort, qui tombaient dans les filets de gens sans vergogne, prêt à exploiter leur jeunesse, leur beauté et leurs corps pour maintenir leur influence sur le roi.  Une histoire à l'image de ce siècle où les femmes n'avaient aucun droit, outre celui de se taire.

Ma note: 4/5

lundi 18 novembre 2013

Le langage du Capitaine Haddock

Salut!

Savez-vous pourquoi Hergé a affublé son adorable personnage de capitaine au long cours d'un vocabulaire aussi imagé?  Parce qu'à l'origine, Tintin paraissait dans Le Petit Vingtième, supplément jeunesse du Vingtième siècle, journal catholique et conservateur de la Belge.  Hors de question donc d'y voir se glisser le moindre juron!  Surtout dans une publication destinée à la jeunesse!  Pour contourner la difficulté, et garder par ailleurs la cohérence du personnage, Hergé a donc imaginé au coloré Capitaine Haddock toute une floppée de jurons plus farfelus les uns que les autres.  La morale était sauve!

Beaucoup d'auteurs ne se sont pas gêné autant pour faire parler leurs personnages.  Les jurons, dans toutes les langues, ont souvent étalé leurs caractères dans les dialogues d'innombrables personnages.  Notre littérature nationale ne font pas exception.  Je me rappelle encore avec délectation l'énumération précise du nombre de jurons dans le premier roman de la narratrice de Scrapbook faite par sa mère.  Elle y dénombrait précisément le nombre exact de mot en t***, en h*** et en c*** (celui des deux que vous voulez!) dans l'oeuvre de sa fille, ignorant au passage de la complimenter ou non sur celle-ci.  J'en rit encore!

Notre langue orale est truffée de jurons, de sacres et d'expressions auquel on dit aux enfants de ne pas les répéter.  Ça se reflète forcément sur notre littérature nationale.  Si la plupart des auteurs évitent dans leurs textes contractions courantes à l'oral, certaines expressions et autres artifices difficiles à rendre à l'écrit, les jurons bien plantés sont beaucoup plus courants.  Les jurons tiennent lieu de ponctuation à notre langue aurait dit l'un de nos auteurs, pardonnez-moi, je ne me rappelle plus lequel.  Il ne pensait pas si bien dire...

Les jurons et les sacres peuvent tenir lieu de langage à eux seuls.  Ce qui a entre autre donné l'hilarante scène de Bon cop Bad cop où Patrick Huard expliquait à son collègue anglophone les subtilités linguistiques liés à nos gros mots.  Ok, je sais, je sors du domaine littéraire, mais regardez la scène à nouveau m'a fait plaisir!  Quoi?  Moi, je l'ai aimé ce film!  Hihihi!

La littérature du terroir contient relativement peu de jurons.  Les auteurs de celle-ci ne tenaient pas particulièrement à voir leurs oeuvres censurées pour cause de mauvais langage.  D'ailleurs, la majorité d'entre eux venaient d'une élite relativement cultivée où un tel langage n'avait pas sa place.  C'est avec les années 1960 et plus particulièrement avec la pièce-choc, Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay qu'elle a acquis ses lettres de noblesse dans notre littérature, en même temps que le reste de la langue orale du Québec.  Depuis, ce langage fleuri, sentant bon la messe et une époque révolue où le curé veillait soigneusement sur ses ouailles, a conquis les pages d'innombrables romans.  Tous n'en font pas autant usage, mais ceux qui le font ne s'en gênent pas.

Entre un bon vieux Tabarnac bien senti et traiter quelqu'un d'Ornithorynque, mettons que personnellement, j'ai fait mon choix! ;)

@+ Mariane

vendredi 15 novembre 2013

On s'amuse! SF en vedette!

Salut!

Autre petit jeu, cette fois mettant en valeur la science-fiction.  Je vous cite une invention provenant d'un livre ou d'une série de SF et vous me dites de quelle série elle provient.  La personne qui réussira à les trouver toutes aura droit à... deux becs sur les joues si je la croise au Salon du livre de Montréal!  ;)

#1
Une drogue permettant de remonter dans le temps.

#2
Un fusil qui a pour particularité de démembrer les gens sur lequel on tire.

#3
Des robots humanoïdes obéissant à trois lois qui régissent leur comportement.

#4
Des planches de surf fonctionnant grâce à des champs magnétiques

#5
D'immenses tours de milles étages où vivent la majorité de la population mondiale.

Bonne chance à tous!

@+ Mariane

jeudi 14 novembre 2013

Ben oui quoi! Ça arrive à tout le monde après tout!

...  j'ai changé de décennie l'an dernier.  Aujourd'hui, j'ajoute un 1 après mon chiffre principal.  L'an dernier, j'ai vieilli le jour de l'ouverture du Salon du livre de Montréal.  Là, je vieillis un jeudi ordinaire.  Ouais, cadeau d'anniversaire à moi-même: je me tape une belle soirée lecture ce soir!  Je fête officiellement samedi, c'est pas tout le monde qui peut faire le chemin jusque chez nous un jeudi de semaine. :P

Est-ce que je me sens plus vieille qu'hier.  Non.  Honnêtement, les chiffres, je m'en fous un peu.  C'est juste que je soufflerais sur les bougies de mon trentième gâteau d'anniversaire cette année.  Quand je pense à la quantité de sucre, de farine et de crèmage que ça donne, je me dis que finalement, c'est ça qui vaut le plus la peine dans le fait de compter les années: se pourlécher une fois par année de gâteau décadent sans la moindre honte!

Et se dire qu'on a encore plein de belles années de lectures devant soi! ;)

@+ Mariane

mardi 12 novembre 2013

Lady S: 5- Une taupe à Washington de Jean van Hamme et Philip Aymond

Lady S tome 5 Une taupe à Washington Scénario de Jean van Hamme Dessins de Philip Aymond  Collection Repères  Dupuis  48 pages


Résumé:
À Washington, le père de Suzie est tombé amoureux de nul autre que... la Présidente des États-Unis.  Mis au courant de cette liaison, l'un des adversaires politique de celle-ci tente de la piéger en utilisant James Fitzroy.  Et que découvre-t-il en fouillant le passé de sa fille adoptive?

Mon avis:
Ok, ça faisait longtemps que je n'avais pas trouvé de scénario aussi logique dans un format de 48 pages.  Condensé, mais bien mené et intelligent.  Je n'ai pas eu l'impression de manque une étape comme j'ai souvent eu l'impression dans beaucoup de BDs que j'ai lu depuis quelque temps.  Le scénario est assez simple, mais efficace: la Présidente est une femme, célibataire de surcroît et elle tombe amoureuse d'un homme.  Un de ses adversaires politique trouve chez lui une faille pour miner sa crédibilité et la renverser.  C'est intelligent parce que l'on met au premier plan une femme de pouvoir et qui l'assume.  Le personnage n'est pas très développé, mais suffisamment pour ne pas laisser l'impression d'un mannequin mécanique planté dans le décor.  Certains plans sont parlants à ce sujet.  On retrouve Suzie, alias Shania, toujours cachée sous la protection de son père adoptif.  Sauf que là ses origines sont dévoilées.  Elle mettra la même énergie et la même débrouillardise à se sortir de ce pétrin que lors de ses précédentes aventures.  Même énergie et même utilisation intelligente de ses capacités, entre charme et talents d'ancienne voleuse de haut vol.  On suit les rebondissements de cette aventure avec intérêt.  Ses «amis» européens ne sont pas présents, l'intrigue se déroulant entièrement à Washington, mais cela n'enlève absolument rien au récit.  Au contraire, j'ai trouvé qu'il était plus réaliste que sa dernière aventure.  Un très bon tome de cette série qui avait un peu perdu de son lustre au quatrième tome.

Ma note: 4.5/5

vendredi 8 novembre 2013

L'habitude de critiquer

Salut!

Ok, pour ce billet, tenez compte du fait que je dis critiquer dans le sens de commenter, donner son ressenti sur un livre, ou une oeuvre en général.

Critiquer.  Un vilain mot.  On prend souvent les critiques de manière négative et dans les faits, c'est vrai.  Critiquer, c'est faire ressortir les défauts.  Critiquer, c'est pointer les erreurs.  Critiquer, c'est aller voir le squelette derrière l'habillage, de voir au-delà des évidences de ce que tout le monde voit.  Je n'aime pas vraiment le terme, quoique je fasse régulièrement de la critique.  J'aime mieux penser à ça comme l'art de réfléchir, sur une oeuvre littéraire, comme le fait d'aller plus loin.  Une fois un livre lu, mon boulot de critique ne fait que commencer!

Un auteur jeunesse m'a déjà dit que les jeunes se présentaient devant lui et disait de son livre: c'est bon.  Ou c'est pas bon.  Commentaires, explications?  Niet!  Les jeunes ne savent pas exprimer leur ressenti.  C'est aussi vrai de bien des adultes.  Parce que ça demande de se pencher sur l'oeuvre autrement que comme spectateur.  Ça demande d'aller au-delà de ce que l'on peut penser de prime abord.  De réfléchir aux forces, aux faiblesses, de prendre le temps de le faire.  De mettre des mots sur des ressentis qui ne sont pas toujours évident à exprimer.  Rien n'est parfait en ce bas monde et je suis persuadée que de pointer les faiblesses d'une oeuvre peut permettre à son auteur de l'améliorer.  Par contre, j'en suis à un point où ça devient de la déformation professionnelle.

Disons-le honnêtement: dès que ça touche le domaine de l'art, je me mets en mode réflexion.  Je me mets en mode je pense à ce que j'ai vu, lu.  Je vais faire le tour du jardin pour en faire ressortir les faiblesses, les forces et les bons coups.  Que ce soit un film, un album de musique ou une exposition.  Sans parler des livres, évidemment!  Parce qu'avec eux, vient aussi l'habitude des critiques sur ce blogue.  C'est plus fort que moi, dès que se pointe l'occasion, j'ai envie d'en parler, de dire ce que j'en pense.  C'est dire à quel point dès que je sors d'une salle de cinéma (le plus souvent!), la tentation d'écrire une critique est forte!  Je n'en suis pas à tenir un blogue cinématographique, mais mentalement, je fais exactement le même processus.

Alors voilà.  La critique, c'est un schéma mental différent.  On ne peut plus être neutre devant une oeuvre, quel qu'elle soit.  On la décortique, on l'analyse, on la réfléchit.  Certes, on l'apprécie tout de même, mais différemment.  Quand je lis une scène érotique dans un roman, je ne suis pas dans l'analyse, je suis dans l'appréciation de celle-ci.  C'est ensuite que le processus se déclenche, que le mécanisme se met en marche.  Je fais des comparaisons (inévitables!), je regarde ce qui a super bien fonctionné, l'innovation, le nouveau.  Les faiblesses en regard de d'autres oeuvres, mais aussi les forces, les acquis.  Un livre est une petite bête qui n'est jamais neutre.  Un livre qui existe en dehors de toutes les autres oeuvres littéraires connues n'existe pas.  Tout est toujours en relation avec d'autres.  Livres, films, musiques, chansons.  L'habitude de réfléchir vient avec l'usage, mais quand elle est là, elle reste.

Pour le meilleur et pour le pire!

@+ Mariane

jeudi 7 novembre 2013

La voleuse de livres de Markus Zusack

La voleuse de livres  Markus Zusack  Pocket  632 pages


Résumé:
Liesel Meningen est adoptée en 1939, à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale.  Contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre de ce genre d'histoires, elle n'est pas adoptée par des gens ignobles et si elle est battue à plusieurs reprises, c'est qu'elle l'a bien méritée.  Car vive et intelligente, la jeune fille cultive un amour coupable pour les livres... qu'elle n'hésitera pas à voler.  D'ailleurs, ce récit est autant celui de sa découverte de la lecture grâce à son père adoptif que celui des livres qu'elle va voler et lire que des liens qu'elle va développer grâce à eux.  Une histoire qui nous est racontée par une étrange narratrice, qui n'est autre que la Mort elle-même, particulièrement active en ces années troubles et qui par trois fois, croisera la route de celle qu'elle surnommera la Voleuse de livres...

Mon avis:
C'est rare que j'hésite sur les premiers mots d'une critique, mais là, je dois avouer que je sèche.  Je n'ai pas totalement embarqué dans ce livre.  Sobre pourrait facilement le qualifier.  Sobre, mais en même temps, plein de grandeur.  Parce que c'est dans le quotidien que vivent les personnages que l'auteur va chercher les éclats de soleil qui donnent leur couleur à l'ensemble.  On y suit Liesel, petite orpheline dans l'Allemagne nazie à l'aube du plus grand conflit de l'histoire de l'humanité.  Ses parents?  Communistes, une hystérie dans cette ambiance politique.  C'est d'ailleurs ce qui fera qu'elle sera adoptée par Hans et Rosa Hubermann.  Deux parents hors de l'ordinaire.  Aussi différent l'un de l'autre qu'il soit possible de l'être.  Lui, humain, profondément, respectueux de la petite fille, capable de comprendre ses peurs et ses désirs.  Elle, grinçante, la bouche remplie de jurons et d'injures, mais en même temps, au plus profond d'elle-même, aussi bonne que son mari sous ses airs rébarbatifs.  Un couple bizarrement assorti, mais profondément uni quand même.  Liesel a de la chance, elle tombe sur des gens bien dans sa dérive.  Ce qui n'a pas été le cas de tous les enfants de cette époque.  Cependant, sa plus grande chance, ce sera la découverte d'une chose au fond bien simple: les livres.  La lecture, que lui apprendra patiemment Hans, de nuit en plus!  Des livres qu'elle volera.  Purement et simplement ou aidée par la complicité silencieuse de la femme du maire, restée enfermée dans sa tristesse depuis la mort de son fils.  Le tout teinté par son immense complicité avec Rudy, son meilleur ami, vivant comme elle dans la pauvreté et la guerre, mais capable de toutes les audaces pour elle.  Et aussi celle de Max, ce juif que le couple Hubermann cachera au péril de leur vie.  Tous ces personnages forment la trame d'une histoire, que nous raconte un bien étrange narrateur: la Mort elle-même.  Celle-ci se permet d'ailleurs quelques apartés en chemin, à la fois pour éclairer le futur et pour nous faire comprendre le présent.  L'allemand, langue dont j'adore la sonorité, parsème le livre.  Quelques mots ici et là, parfois une phrase, quelques traces, qui donnent au livre sa consonance allemande, mais pas celle des discours d'Hitler et ses sbires, mais bien celle du peuple qui a vécu et souffert à cette époque.  Comme je l'ai dit au départ, je n'ai pas totalement embarqué dans l'histoire.  Cependant, je sais voir en elle ce qui a charmé tant de lecteurs.  L'étincelle ne s'est pas produite pour moi, voilà tout.

Ma note: 3.5/5

mercredi 6 novembre 2013

Lire doit rester un plaisir

Salut!

Je me le rappelle clairement.  C'était dans mes dernières semaines de libraire.  Une femme se présente en compagnie de son fils.  Elle était pleine de bonnes intentions.  Sauf qu'elle s'y prenait mal.  Je dépose un livre entre les mains de son fils et la voilà qui se lance, les doigts de celui-ci à peine en contact avec la couverture:

-Est-ce-qu'il-te-tente-ce-livre?-S'il-ne-te-tente-pas-tu-dois-me-le-dire,-hein?-On-en-trouvera-un-autre-avec-la-gentille-dame-de-la-librairie!-Tu-l'as-regardé-au-moins?-Il-faut-que-tu-le-regarde-pour-savoir-si-tu-l'aimes.-Il-te-tente-ce-livre?-S'il-te-tente-pas,-on-en-prendra-un-autre, hein?-Mais-prends-le-temps-de-le-regarder!-Ta-prof-dit-qu'il-faut-que-tu-lises-alors-on-va-acheter-un-livre,-mais-je-veux-que-tu-le-lises!-On-prendra-pas-un-livre-si-tu-le-liras-pas!

Ouf...  Avoir été cet enfant, j'aurais voulu mettre livres et mère à la porte de la librairie au bout de trente secondes (d'ailleurs c'était tentant de le faire)!  Pauvre petit!  Je le dis, mais sa pauvre mère lui mettais tant de pression...  avec une énorme bonne volonté pour lui.  D'ailleurs, sous la diarrhée verbale maternelle, le jeune garçon se réfugiait vers le proverbiale adage adolescent: Ouuaaaaaaaiiinnnn....  Pas trop engageant, mais pas trop repoussant en même temps, de façon à récompenser les efforts désespérés de sa mère.  Heureusement, à force d'user de psychologie, j'ai réussi à éloigner celle-ci un gros quatre minutes le temps qu'il lise trois quatrièmes de couverture et qu'il fasse son choix.  Mais aller dire à la mère bien intentionné qu'elle devait relâcher la vapeur le temps qu'il choisisse?  Impossible!  Portée par son élan maternelle, elle était tel un chevalier en croisade, pourchassant le dragon du non-lecturisme de son fils, oubliant pendant ce temps que le plus sûr chemin vers les bouquins pour son fils était le petit sorcier à lunettes caché dans un coin.  Car il cache dans les replis de sa cape, entre ses fioles de potion et sa baguette un secret que semble oublier les adultes...  Le plaisir.

Car il n'y a pas de meilleures potions magiques, de meilleures sortilèges, de meilleurs enchantements que d'aimer lire pour aller vers la lecture, quelqu'en soit la forme.  Aimer lire... C'est si simple et si complexe à la fois.  Une subtile alchimie que de donner le goût d'ouvrir un livre pour en savourer les merveilles.  Il n'y a pas d'autres méthodes.  Bien des chemins y mènent, selon la personnalité de l'enfant et ses goûts, mais reste qu'un seul lui permettra de perdurer: le plaisir.

Dommage que tant de gens, éducateurs, parents, et autres adultes bien intentionnés l'oublient, ne pensant qu'aux vertus pédagogiques de la lecture.  Pourtant, celles-ci ne sont rien sans le plaisir qui l'accompagne.

@+ Mariane

mardi 5 novembre 2013

Les deuxièmes de Zviane

Les deuxièmes  Zviane  Pow Pow 128 pages


Résumé:
Deux amants se retrouvent dans une maison isolée.  Ils ne se sont pas vus depuis plusieurs mois, ils se retrouvent.  Le temps de quelques heures, on va les accompagner.  Les suivre dans leur relation, qui est celle de «deuxièmes»: ils sont amants, pas amoureux et quelque part, leur relation, légèrement assombrie par l'ombre des «premiers», leurs conjoints, a le goût de l'éphémère, de ce qu'on doit consommer tout de suite avant que la saveur ne se dissipe.

Mon avis:
Que dire?  Wow?

C'est ce qui résume le mieux cette petite BD, sobre, mais terriblement efficace.  On est dans un thème connu, celui des amants adultères, mais en même temps, avec la touche des amours d'aujourd'hui, faits de moments volés au temps parce qu'on sait que rien ne dure.  Les dessins sont au premier coup d'oeil simples, mais un peu d'attention permet de remarquer les subtiles nuances dans le regard d'un personnage, dans une expression, dans la façon dont les ombres sont tracées...  Ce qui toute toute sa force aux personnages car toute la nuance de leurs émotions s'y trouve inscrite.  De l'art dans ce que l'expression bande dessinée peu comporter de plus noble.  Les personnages n'ont pas de noms, mais ça ne dérange rien à l'histoire.  Écrite ou dessinée, elle aurait eu autant de force car justement, sa force vient de là: ses dessins nourrissent son histoire autant que des descriptions le feraient, tellement elles se marient bien au dialogue.  Ce livre est également une ode à la musique classique.  Certaines parties sont d'ailleurs composées de dialogues faits entièrement de notes en guise de textes dans les phylactères.  Je ne suis pas douée pour la lecture à vue, mais la façon dont les notes étaient placées dans les phylactères permettaient de deviner le dialogue, de sentir le message que ce passait les deux amants.  Autre point important, cette histoire est une ode à l'érotisme.  Pas à la pornographie, on est très loin des références aux alcôves de clubs vidéos.  Non, si on y voit clairement les organes génitaux des deux protagonistes et où la sexualité y est rien moins qu'explicites, la référence est clairement le plaisir des deux partenaires.  Une ode magnifique d'ailleurs.  Une superbe découverte que cette Zviane.  À suivre, car elle maîtrise visiblement autant l'art du scénario de BD que du dessin.

Ma note: 5/5

lundi 4 novembre 2013

L'âge où on tombe dans la marmite

Salut!

«Les jeunes lisent» me disait une connaissance récemment.  «Au primaire, ils lisent, c'est au secondaire que cela se gâte.  On dirait tout à coup qu'ils s'éloignent des livres, qu'ils ne veulent plus lire.  Certains, parce que c'est à cet âge que d'autres tombent dans la marmite comme Obélix et qu'ils prennent des habitudes de lecture pour le reste de leur vie.»  Mon expérience personnelle me dit que cette personne a loin d'avoir tort: dans les Salons du livre, on voit les yeux des jeunes briller devant les livres, les histoires.  Les files devant les auteurs jeunesse sont souvent longues!  Et pourtant, quand j'y croise des adolescents en sortie scolaire, le désintérêt est manifeste.  Certains passent leur journée assis le long des murs à bavasser plutôt que de visiter les allées toutes proches.  Pourquoi donc?

Certes, au secondaire, on commence à nous faire lire des classiques.  Des livres moins «grand public».  Alors qu'on primaire, c'est le côté ludique, amusant qui domine, au secondaire, souvent, on veut faire lire aux ados de la vraie littérature.  Ouf...  Ok, j'avoue, côté littéraire, Fascination et cie, ce n'est pas du haut de gamme.  N'empêche, de la même façon qu'il faudra apprendre à un néophyte à savourer la musique classique ou un grand cru, apprivoiser la littérature en dehors de ses canons, ça s'apprend.  Une des premières étapes est sans doute de comprendre que la «grande littérature», ce n'est pas écrit en sanskrit et que ça peut autant nous faire tripper que les aventures d'une jeune fille forcée à prendre part à des Jeux du cirque romain version futuriste.

L'autre est de faire en sorte que les ados ne ressentent pas comme une obligation de lire.  Daniel Pennac est sans doute le plus grand pourfendeur de cette philosophie qui dit que l'on doit faire entrer, de gré ou de force, les grands classiques dans la gorge des ados.  Si la réalité auquel il s'attaque est française, la même prévaut ici: en témoigne les luttes incessantes de deux amis profs de français pour faire lire leurs élèves.  L'obligation, surtout à l'adolescence, est source de refus.  On ne veut pas être obligé de faire quelque chose, à moins que ce ne soit par choix personnel.  Ce que dise les profs, l'autorité, on s'en balance.  On croit que c'est plate, juste parce que ça vient d'avant notre génération et que les vieux n'y comprennent rien...  Ouais, on a tous dit ça étant ado!  Le problème no 1, c'est que ce n'est pas vrai.  Le problème no 2, c'est que souvent les ados y croient et que ça leur fait fuir tout ce qui est fait de papier imprimé sauf les revues qui parlent de télé-réalités ou de starlettes.  À l'univers des innombrables histoires des livres, ils préfèrent celles des jeux vidéos (dont les scénarios, je l'avoue, sont souvent de mieux en mieux faits) et celles des obscures salles du septième art qu'est le cinéma, négligeant le fait que de plus en plus de films se basent sur des succès littéraires.  Et que oui, le livre est toujours différent du film!

On perd alors une bonne partie des ados, mais la poignée qui reste?  Ils deviennent des lecteurs compulsifs, bien souvent.  Addicts même dans certains cas!  Des lecteurs qui le reste pour toute leur vie.  L'adolescence est l'âge où l'on tombe dans la marmite, où l'on adopte des habitudes que l'on gardera toute notre vie ou presque.  Croisons les doigts pour que plein d'ados y découvrent les joies de la lecture qu'ils y découvrent CE qui les fera tripper dans les livres pour le reste de leurs vies.  Qui les fera tomber dans la marmite pour le reste de leurs jours.

@+ Mariane

vendredi 1 novembre 2013

Et la philosophie dans tout ça?

Salut!

L'autre jour, je suis allée voir l'excellent film de Margaret van Troppa, Hannah Arendt.  Le film se centre sur la couverture que la philosophe a fait du procès d'Adolf Eichmann au début des années 1960 et de la série d'articles dans le New Yorker qu'elle a publié à la suite de celui-ci.  C'est là qu'elle a développé sa théorie de la «banalité du mal».  Le film est vraiment excellent.  Il réussit à traiter un sujet complexe, soit la philosophie, sans tomber dans le film pour professionnel incompréhensible au grand public.  Par contre, si vous êtes en train d'arrêter de fumer, n'aller pas le voir, ça sentait pratiquement la cigarette dans la salle tellement tous les acteurs du film grillent des cigarettes à la chaîne!

De voir ce film m'a poussé à avoir envie de lire le livre d'Hannah Arendt a tiré du procès: Eichmann à Jérusalem.  Parce que justement, de voir ce film m'a fait réalisé que je ne lisais que très peu de philosophie.  Énormément de romans, de tous les genres, certains flirtant avec la philosophie, mais peu de livres de philo comme tel.  Le seul auteur que je peux citer avec certitude est John Stuart Mills.  Pour le reste, et bien, je me suis essayé au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, en l'abandonnant après environ 20 pages parce que je n'y comprenais rien.  Après, j'ai surtout lu des essais.  Ceux-ci flirtent bien souvent avec la philosophie, tout en étant bien ancré dans le concret, ce qui convient beaucoup plus à ma personnalité.

L'essai n'est pas super loin de la philosophie dans certains cas, mais pas dans tous.  La philosophie s'intéresse aux idées et aux concepts, c'est essentiel, mais en même temps, ce n'est pas toujours accessible à tout le monde!  L'essai est toujours en train de défendre un thème, une cause, on est plus dans l'argumentation.  Dans tous les cas, la réflexion est nécessaire avant de se lancer dans la rédaction de tes textes.  C'est justement ce qui en fait l'intérêt à la lecture.

Sans doute que je vais mettre dans mes défis personnels de lire un peu plus de philosophie en 2014.  Me semble que ça me ferait du bien d'ouvrir mes horizons.  Par contre, c'est pas demain que je vais me lancer dans la lecture de Nietzsche...

@+ Mariane