lundi 14 octobre 2013

Avant de savoir lire

Salut!

Ok, d'accord, je revisite souvent mes premiers souvenirs de lectrices ces temps-ci.  Que voulez-vous, ils m'inspirent!  J'ai eu de la chance: j'ai grandi dans un foyer où les livres étaient présents. Et ils m'ont laissé d'inestimables souvenirs.

Je me souvient de l'atlas, quand j'étais petite.  C'était un livre merveilleux.  Un gros livre, à la couverture épaisse, cartonné. qui faisait la moitié de ma hauteur à cette époque où l'on me disait haute comme trois pommes.  Il était bleu, à la reliure grise.  Je m'en souviens comme si c'était hier.  La reliure était rugueuse au toucher, comme la lange d'un chat.  C'était un gros livre rempli de photos, et de cartes.  J'étais jeune, une enfant qui s'émerveillait encore de quelques images quand je l'ai feuilleté pour la première fois.  J'ai tourné ses pages des milliers de fois, m'attardant souvent sur les mêmes.  Je me rappelle des photos des formes géologiques inusités.  Qu'est-ce que c'est? demandais-je alors à mes parents, alors que j'avais tout au plus quatre ans.  C'est une forme bizarre de volcan me répondaient-ils.  Ou une forêt pétrifiée.  Ou une cascade très haute.  Les noms, je ne les retenais pas.  Un bizarre assemblage de voyelles et consonnes.  Iélôstaune?  Je ne connaissais pas, mais j'admirais les photos de ces jets d'eau qui montait si haut dans les airs.

Je feuilletais les pages, presque aussi haute que moi dans mon imaginaire d'enfant.  Des pierres précieuses, brillantes.  Des montagnes, éloignées.  Des cartes, du bleu et du vert et sûrement était-ce la piste d'un trésor non?  De simples minéraux en fait, mais que j'imaginais aussi précieux que des diamants, même si c'était de la vulgaire pyrite.  Je ne pouvais imaginer de carte sans qu'il y aie de trésor à la clé.  Il a fallu beaucoup de patience à mon père pour me faire admettre que les cartes pouvaient être utiles à autre chose.  Des années plus tard, j'ai fini par le comprendre.  Mes cours de cartographie à l'université m'ont permis d'approfondir l'idée.  Les cartes routières me sont aujourd'hui indispensables.  Mais ces années, penchées sur l'atlas, à m'émerveiller devant des images de phénomènes lointains, ou du moins, insaisissables depuis ma banlieue tranquille, m'ont permis de rêver du moment où je saurais lire.

Des champs de maïs, quelques rues, voilà de quoi était constitué la carte géographique de mon enfance.  L'atlas l'a élargi, aplati, mais en même temps, l'a ouvert.  Des années plus tard, adolescente, au pire de l'âge ingrat sans doute, au hasard des tâches ménagères, sans doute ennuyée par l'époussetage, j'ai rouvert ce livre qui a bercé mon enfance.  Pour la première fois, j'ai lu les textes dont les images m'avaient fait rêver.  De simples textes descriptifs, rien de plus.  Mais même alors, j'ai compris qu'ils parlaient des richesses de notre planète, de ses merveilles cachées.  De là sans doute mon amour pour la géographie, pour les richesses que recèle la terre et pour les mystères que nous dévoilent les cartes.  Malgré tout, mon adolescence n'avait pu m'empêcher de juger ce livre.  Que diable, sur certaines cartes, il était écrit URSS!!!!  Je ne sais plus ce qu'est devenu ce livre, sans doute perdu dans les limbes familiales, mais je sais ce qu'il m'a légué, un secret en fait.

C'est que les livres recèleront toujours des mystères innombrables.  Et qu'il suffit de tourner la page pour les découvrir.

@+ Mariane

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