mardi 10 septembre 2013

La passion selon Juette de Clara Dupont-Monod

La passion selon Juette  Clara Dupont-Monod  Le livre de poche


Résumé:
Huy en Belgique, XIIe siècle.  La petite Juette a 13 ans, mais elle est encore une enfant.  Qui a une âme exigeante, qui ne se contente pas de se qu'on lui dit, qui devine des choses.  Cependant, l'absence d'instruction des femmes de l'époque la laisse avec ses questionnements, ses angoisses.  Son seul confident est son ami Hugues de Floreffe, un moine enlumineur.  Avec lui, elle apprendra à lire, , enrichissant son univers, son imaginaire mais bien vite, ses parents la marie.  Cinq ans plus tard, veuve, elle refusera de se remarier et elle dira non: non au mariage, non au clergé corrompu, non à la domination des hommes, non à la richesse de l'Église.  Elle se dressera bien vite contre ce à quoi elle dit non, inconsciente du danger qui la guette?  Ou tout simplement trop prise par sa foi?

Mon avis:
Ce livre est inspiré de l'histoire vraie d'une jeune femme nommée Juette qui a vécu à Huy au XIIe siècle.  Elle fut l'une des mystiques de son temps, célèbre pour ses visions, mais elle a toujours vécu en marge de l'Église traditionnelle de l'époque, en rebelle pourrions-nous dire aujourd'hui.  Le récit est raconté à deux voix, l'une d'elle, celle de Juette, racontant sa propre histoire et celle de Hughes de Floreffe, qui raconte Juette de l'extérieur.  Il est son meilleur ami et son confident, un homme d'Église, mais qui comme elle, cherche des réponses à ses questionnements intérieurs et ne les trouvent plus dans les sermons répétés ad nauseam par le clergé bien souvent corrompu.  Le roman s'inspire d'ailleurs du texte qu'il a écrit racontant l'histoire de Juette.  À cette époque, l'Église traverse une crise grave: début des mouvements cathares, difficultés suite aux croisades, crise spirituelle due au lent détachement des autorités religieuses face aux questionnements des fidèles.  Se développe alors certaines formes de spiritualités en-dehors de l'Église.  Juette appartiendra à celles-ci: laïque, elle vivra en communauté, mais sans prononcer de voeux définitifs.  Elle exècre ceux-ci, les a en horreur, elle qu'on a obligée à dire oui au mariage.  Elle hait l'Église, trop riche, trop corrompue, prêchant des vertus qu'elle n'applique pas à elle-même.  En même temps, Juette est naïve, elle veut faire le bien, mais ne voit pas les forces qu'elle affronte.  C'est à travers le regard de Hugues qu'on les découvre.  Hugues qui l'aimera d'un amour profond et platonique.  Hugues qui sera toujours inquiet pour elle, même quand elle le rejettera.  À travers le récit de cette femme hors-norme, c'est une époque peu connue de l'histoire qui se dévoile: celle des mouvements à la fois spirituels et laïcs, indépendant de l'Église, plus particulièrement les femmes, qui à cette occasion acquièrent une indépendance économique et personnelle qui finira par les entraîner vers le bûcher.  L'histoire de Juette représente les débuts du mouvement des béguines.  C'est l'histoire d'une femme qui tournera le dos à sa société pour suivre ce que son instinct lui dit de faire.  Cependant, on peut penser en lisant ce roman qu'elle souffrait de maladie mentale, ou du moins que son équilibre mental a fini par être perturbé.  Juette a des visions, mais elle est inconsciente du monde, inconsciente de ce qu'elle affronte et provoque par ses actes.  L'histoire est racontée dans une langue superbe, peuplée d'images comme celle des histoires qui fascinent Juette.  Côté écriture, c'est magnifique, mais cette Juette est définitivement un personnage difficile à cerner.

Ma note: 3.75/5

Je remercie Hachette et plus particulièrement Robert pour ce service de presse.

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