mercredi 19 décembre 2012

La multiplication des séries

Salut!

J'ai un problème en tant que libraire.  Un grave problème.  J'ai souvent des gens qui me demande des livres qui ne sont pas des séries.  Pas de suites à attendre rien.  Euh...

Savez-vous que ça se fait de plus en plus rare?  OK, oui, ça existe encore, c'est sûr et certain, on trouve encore des livres qui ne sont pas des suites ou qui n'ont pas de liens avec d'autres livres.  Mais les séries...  C'est une telle multiplication ces temps-ci!  À croire qu'écrire un seul livre, une seule histoire est rendu un défi pour bien des auteurs.  Savoir faire court, concret, boucler une intrigue en peu de pages, c'est un art, mais on dirait que de moins en moins de gens y sont intéressés.  Comme si la solution était la série.

OK, écrire une série a ses avantages.  On attend avec davantage d'impatience la suite d'un livre dont on connaît déjà l'univers qu'un univers tout nouveau.  Excellent exemple de cet automne: le dernier J.K. Rowling n'a jamais autant marché que les Harry Potter.  Même avec toute sa réputation, elle plongeait ses lecteurs dans l'inconnu avec cette nouvelle histoire.  Ce qui n'était pas le cas des aventures de son petit sorcier.  Mais de là à faire de pratiquement tous les livres des séries, ouf!

Quelque part dans mon esprit, je me dis que les séries sont les lointaines héritières des romans-feuilletons si chers au XIXe siècle.  Ils ont ça en commun: des centaines de pages, des aventures sans fin, des péripéties innombrables et des personnages auquel on s'attache et que l'on suit avec passion, à l'époque chapitre par chapitre, aujourd'hui tome par tome.  Certaines histoires se prêtent mieux aux séries que d'autres par contre!

C'est particulièrement criant en littérature de genre ou encore en jeunesse.  Je ne vous dit pas le nombre de série qu'on a dans notre rayon littérature de l'imaginaire!  Ça déborde de séries!  À croire que ce genre a cristallisé les séries.  À voir mes tablettes montrant les séries avec régularité, c'est même pratiquement un fait dominant de cette section.  Du moins aujourd'hui.  Ça n'a sans doute pas toujours été le cas.  Quand je regarde quelques auteurs un peu plus ancien, je remarque bien davantage des recueils de nouvelles.  Philip K. Dick entre autre!  Mais bon, c'est là la marque d'une époque.

Et en jeunesse...  Ouf!  Primo, il faut le dire, les éditeurs se sont pris au jeu des premiers tomes à petits prix qui permettent de faire découvrir une série et sert de moteur d'entraînement vers les autres livres à prix régulier.  Ça marche, ça c'est sûr!  Mais ça entraîne la multiplication sans fin des séries et il peut être intimidant pour un jeune lecteur pas très doué de se mettre à lire un livre quand il sait qu'il y a en a six autres ensuite et trois autres à paraître...  De quoi décourager certains jeunes!  C'est alors un défi de trouver un livre unique qu'il saura aimer.  Vraiment, pas toujours facile!

Je n'ai rien contre les séries.  Au nombre que je dévore, c'est pas moi qui vais chialer contre!  Par contre, je dis qu'il n'y a pas que ça dans la vie.  Qu'en dehors des séries, beaucoup de bonne littérature existe.  Et que parfois, faire court, faire d'un coup, est tout aussi bien, ni meilleur, ni pire qu'une série.

@+ Mariane

3 commentaires:

Pat a dit…

Désolé! Mon prochain projet sera un bon vieux bouquin qui se tient tout seul comme un grand, promis ;)

Ti_jo a dit…

Je suis particulièrement d'accord avec toi. Je n'ai rien contre les séries tant que cela se limite a une trilogie. Quand je vois une série comme les chevaliers d'émeraude qui en est rendu à 12 livres, je commence a trouver cela légèrement excessif.

Bizarrement, j'ai vu cette même tendance dans les anime japonais. On dirais que quand une série "pogne", l'auteur fini par en faire des centaines et des centaines d'épisode et au final, le produit original qui était excellent fini par être diluer au maximum. Les meilleures séries que j'ai pu voir se limitaient à 24 épisodes alors que les séries dites "populaires" finissent par franchir le cap des 100 et même plus.

Pour revenir à la lecture, quand je vois des séries de 5-6-7 livres et plus, en tant que petit lecteur comparativement a toi, cela fini par me décourager. Vive la simplicité et restons en a un nombre raisonnable histoire de peut-être aller chercher des lecteurs moin "hardcore"!

Prospéryne a dit…

@Pat, d'accord, mais fini Averia d'abord! :P

@ti-jo, les meilleures séries, même si elles sont plus longues, sont celles dont la fin est prévue dès le début. Sans ça, c'est complètement inutile. Mais honnêtement, au-delà de sept tomes, je trouve aussi que ça commence à être long longtemps...