mardi 24 mai 2011

La voleuse d'hommes de Margaret Atwood

La voleuse d'hommes  Margaret Atwood  Collection Domaine étranger  10/18  655 pages


Résumé:
Tony, Charris et Roz sont des amies très différentes, mais unies par une chose: à un moment de leur vie, toutes trois ont perdu un homme.  À cause de Zenia.  Mais maintenant, Zenia est morte et elles sont en paix.  Elles se réunissent pour déjeuner entre amies, quelque fois, malgré leurs vies aux antipodes l'une de l'autre.  Mais lors de l'un de ces déjeuners, Zenia entre dans le restaurant.

Critique:
Il faut un certain temps avant de se faire à l'écriture très particulière de Margaret Atwood. Le rythme est lent.  Ça coule au départ difficilement et passé un certain point, tout coule, tout déboule et on suit le récit avec intérêt.  D'ailleurs, l'histoire n'est pas linéaire, on commence par le rendez-vous au Toxique qui permet une présentation des trois personnages principaux, ensuite seulement on plonge dans le passé pour voir les liens qui les unissent.  Et comment, Zenia, de différentes manières, mais toujours en traître leur a à chacune volée un homme auquel elles tenaient.  Tony, Charris et Roz sont pourtant loin d'être des saintes: elles ont leurs défauts et d'une certaine façon, on peut à toutes les trois leur reprocher de s'être accrochée à des hommes qui ne les aimaient pas.  Il y a quelque chose de pathétique dans ces trois femmes, mais en même temps de tellement vrai en elles.  De tellement humain, avec leurs petites misères et leurs grandeurs passagères.  Leurs relations compliquées avec leurs enfants en passe de devenir adulte et aussi, d'une certain façon, avec leurs estimes d'elles-mêmes.  De la femme qui prend soin de l'homme qu'elle aime qui en aime une autre, de celle qui fait vivre un homme qui abuse honteusement d'elle, de celle qui accepte d'être trompée et trahie pour ses enfants et parce qu'au fond, elle aime son mari.  Trois femmes qui pourtant vont finir par faire face et à se tenir debout devant l'espèce de sirène qui fait perdre la tête aux hommes qu'est Zenia.  D'ailleurs ce personnage, menteuse compulsive et séductrice en série est fascinant, parce qu'on ne sait jamais ce que ses actions visent.  On ne sait jamais quels sont ses buts, ce qu'elle veut, d'où elle vient.  Manipulatrice, championne des histoires inventées, des demi-vérités et des coups fourrés.  De toute les façons.  Et dont même la mort est une façon de faire.  Ce livre est magnifiquement écrit, on sent les faiblesses, les forces, la vérité des personnages que l'auteure ne cherche ni à améliorer ni à enlaidir.  Elle sont telles qu'elles sont et seule la maléfique Zenia semble porter un aura de perfection probablement dû à un contrôle de soi si total qu'elle en perd presque son humanité.  Et les hommes?  Faibles, mais en même temps, encore plus perdu que les femmes qui les aiment.  Ils ne sont pas des personnages principaux, ils sont secondaires dans cette histoire essentiellement féminine qui nous fait plonger au coeur des angoisses de chacune et dont chaque femme peut y trouver un écho.  J'aurais peut-être aimé être davantage emportée par le récit, mais le propos et l'écriture font que ce livre entre dans la catégorie des on adore, mais on ne dévore pas la brique en trois jours.  C'est différent de tout ça.  Mais en même temps, c'est excellent et on ne peut s'empêcher de vraiment s'attacher aux personnages, tellement Margaret Atwood nous les rend proche de nous. 

Ma note: 4.5/5

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