jeudi 25 novembre 2010

La quatrième de couverture

Salut!

S'il y a bien une chose dont je me rends compte jour après jour, c'est à quel point une quatrième de couverture fait la différence dans la vente d'un livre.  Et je suis bien placée pour le savoir: à chaque semaine, je peux me taper de 20 à 30 quatrièmes de couverture.  Je les lis parce que ça fait partie de mon boulot, parce que je dois savoir où les classer dans la librairie, mais aussi pour connaître les livres, savoir de quoi ils parlent.  Ensuite, quand un client me pose une question sur le livre, j'ai au moins un début de réponse.  Ça ne remplace pas une lecture du livre, mais ça donne des clés d'entrée.  C'est pourquoi une quatrième de couverture se doit d'être soignée, autant sinon plus que la couverture elle-même.  Une bonne couverture fait prendre le livre dans ses mains, mais une mauvaise quatrième de couverture le fait remettre à sa place bien vite!

Alors qu'est-ce qui fait une bonne quatrième de couverture?  Je dois avouer que c'est un art délicat, presque d'orfèvre.  On doit donner une bonne idée de l'histoire, sans trop en mettre, donner envie de lire le livre, mais sans exagérer dans les qualificatifs, laisser planer un mystère, sans pourtant être sibyllin.  Tout un défi!  Mais il y a un certain nombre de choses qui peuvent guider dans la création d'une bonne quatrième de couverture et c'est là des caractéristiques qui font qu'elle sera efficace et amènera le lecteur à prendre le livre sous son bras pour passer la porte.

Première des choses, la quatrième de couverture doit refléter l'histoire qu'il y a dans le livre.  Ça peut sembler évident, mais certaines personnes ne l'ont pas compris!  Les gens achètent le livre en se guidant sur le résumé, alors si on leur promet un suspense et qu'on se retrouve avec une vague histoire de meurtre pimenté d'une longue histoire d'amour entre la policière et le principal suspect, les gens se détourneront de cet auteur pour un bon bout de temps.  Mais il y a plus: la quatrième de couverture doit refléter le ton sur lequel l'histoire est racontée.  Si votre histoire se déroule sur les chapeaux de roue, le ton de la quatrième de couverture doit être en parallèle.  Si c'est poétique, soyez poétique dans votre description du livre.  Si c'est horrible, laissez planer une sentiment d'horreur.  Pour mettre dans le ton, plusieurs maisons d'éditions mettent un extrait choisi du texte.  C'est une excellente idée, mais attention, l'extrait doit être court et significatif.  Et SVP, un extrait seul est totalement inefficace, mettez un peu de chair autour de cet os!

Deuxième des choses, la quatrième de couverture n'est pas un poster de film où les critiques se mettent à envoyer des fleurs.  Alors si on se met à accumuler les qualificatifs de merveilleux, extraordinaire, palpitant pour décrire l'histoire, le résultat risque d'être inverse au but recherché.  Les lecteurs refermeront le livre déçu.  Parce que, et je parle d'expérience, plus on met de qualificatifs sur la quatrième de couverture, plus les attentes envers le livre sont élevées.  D'autant plus que dans la majorité des cas, la qualité du livre est inversement proportionnel au nombre d'adjectifs qualificatifs qu'il y a dans le résumé.  Par contre, on peut se laisser aller pour décrire les personnages.  Je ne sais pas pourquoi, mais parler d'un personnage machiavélique passe mieux que de parler d'une histoire machiavélique.  Et souvent, sans vouloir battre le dictionnaire des synonymes, mettre de la variété ou des adjectifs un peu moins connu aide, parce que ça pique la curiosité.  Un bon livre se vend avant tout par son histoire, son ton, son auteur. Pas nécessaire de rajouter une couche de glaçage pour doré la pilule, elle va passer d'elle-même si c'est bon au départ.

Troisième point, les points d'interrogation!  Leur nombre doit être limité.  Un ou deux bien placé font l'affaire. Plus, on se demande si l'auteur lui-même sait de quoi il parle.  Les questions dans la quatrième de couverture sont plus ou moins la bienvenue, on peut penser qu'ils créent une tension qui va permettre de nous pousser à lire plus loin, mais dans bien des cas, ils ne font que renforcer la confusion.  Vaut mieux utiliser des verbes variés, ils organisent mieux les idées.  Même chose pour les points de suspension, un ou deux, maximum et idéalement, un seulement!

Quatrièmement, la comparaison avec d'autres oeuvres.  Ouch!  Certains y vont très fort dans le domaine!  On compare à Millenium, au Seigneur des Anneaux, à tout le monde et à personne.  Pour mettre une telle chose sur la quatrième de couverture, il faut vraiment savoir ce que si on cherche à imiter, les risques d'échecs sont extrêmement élevés!  Les gens s'attendent à lire la même qualité que dans l'oeuvre originale, ce qui est rarement le cas.  Par contre, certains vont chercher la caution d'auteurs connus, ce qui marche mieux, mais là encore, ce n'est pas garanti.  Les citations d'appréciation boiteuse font davantage rigoler que vendre.  J'ai déjà vu un bandeau sur un livre dont l'héroïne était décrite comme étant la Harry Potter française.  Et bien, les gens prenaient le livre, rigolait et le reposait là.  L'effet recherché avait passé complètement à côté de la plaque.

Enfin, et surtout, ne pas tout mettre dans la quatrième de couverture.  Parler de détails de l'histoire qui dépasse le quart du livre, veut dire que soit l'action met trop de temps à se mettre en place, soit il y en a trop le résumé.  D'ailleurs, résumé est un très mauvais choix de mot pour parler de la quatrième de couverture.  On peut y sauter énormément de détails sans problème.  Si le personnage principal fait un voyage de trois semaines en ayant à combattre des loup-garous, des vampires et en faisant d'innombrables détours, on s'en fou!  Il fait un long voyage semé d'embûches, point!  Si vous tenez mordicus à dire que vous aborder tel ou tel sujet, énumérez-les à la toute fin.  On saura à quoi s'en tenir.

Donner le goût de lire l'histoire sans pourtant entrer dans les détails et sans donner l'impression qu'on sait déjà la fin: c'est le but d'une bonne quatrième de couverture.  C'est parfois facile de passer à côté et on ne réussit pas toujours du premier coup, mais ça demeure un élément essentiel de vente et aussi de promotion du livre.

@+ Prospéryne

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